Près de quatre mois après la parution d’une tribune dans Le Monde intitulée «Manifeste pour un nouveau média citoyen», Le Média a officialisé son lancement avec son premier JT de 20h le 15 janvier. Cofondée par Sophia Chikirou, ex-directrice de communication de Jean-Luc Mélenchon pendant la présidentielle, la webtélé assume son orientation contestataire, marquée à gauche. «Nous nous définissons comme un média indépendant, c’est “la case” qui nous correspond le plus», déclare la rédactrice en chef Aude Rossigneux, passée par France 5 et Le Parisien.
Qualifié de «Médiachon» par ses détracteurs, le pure player assure être «engagé mais pas militant». «Nous n’avons pas vocation à être le bras médiatique d’un parti politique, complète Aude Rossigneux. Si nous le faisions, nous serions démasqués et perdrions toute crédibilité. Ce serait suicidaire.» Elle l’assure, Jean-Luc Mélenchon y sera invité «comme les autres lorsque l’actualité le nécessitera».
Modèle économique et idéologique
La rédaction, classique dans son organisation, innove par son mode de financement. Le Média appartient à des «socios», des associés copropriétaires. «Nous en avons pour le moment 14000 et avons collecté environ 1,5 million d’euros entre le 11 octobre et le 31 décembre», précise le psychanalyste Gérard Miller, cofondateur, alors qu’aucune levée de fonds ponctuelle n’est prévue.
Pour le moment, la rédaction est composée d’une douzaine de journalistes. «Si notre JT est à la hauteur des attentes, nous compterons sur une augmentation des souscriptions et réfléchirons à un agrandissement», prévoit Gérard Miller. Le Média envisage aussi d'insérer de la publicité dans ses programmes, mais «sans l'argent des grandes puissances industrielles», selon Sophia Chikirou.
La volonté affichée est «d’insuffler une nouvelle manière de faire du journalisme, ambitionne Aude Rossigneux, nous avons décidé d’arrêter de faire semblant de n’avoir aucun avis sur rien, dans un monde où la tendance est à l’aseptisation, rendant toutes les choses égales entre elles, ajoutant que dans notre société, où la défiance envers les médias va grandissante, nous avons une vraie responsabilité. Personne ne nous pardonnera la moindre erreur, nos amis comme nos adversaires».