Audiovisuel
Le PDG de Radio France peut-il exercer son mandat à la tête du groupe alors qu'il a été condamné pour favoritisme ? Le CSA doit statuer le 31 janvier sur cette question devenue cruciale en pleine réforme de l'audiovisuel public.

Restera ? Restera pas ? La question est sur toutes les lèvres en cette semaine cruciale pour Mathieu Gallet, le président de Radio France. L’intéressé veut garder son job. Évidemment. Après l’annonce de sa condamnation par le tribunal de Créteil à un an de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende pour favoritisme lorsqu'il présidait l'INA (2010-2014), ses avocats ont fait savoir qu'il faisait appel et qu'il ne démissionnerait pas. Un appel suspensif de la peine, en droit et en fait, qui place le patron de Radio France dans la position d’un présumé innocent.

Le tribunal n'en a pas moins jugé Mathieu Gallet coupable, le 15 janvier, d’avoir signé deux contrats sans appel d’offres. D’une part, de 290 000 euros pour l’avenant et le marché complémentaire, signé avec le cabinet de conseil Roland Berger Strategy en 2013. D’autre part, de 130 000 euros pour les conseils de Denis Pingaud, via OpinionWay puis Balises.

Le jour même de cette condamnation, Françoise Nyssen, ministre de la Culture, rappelait « son attachement [...] à l'exemplarité des dirigeants des établissements et des entreprises publiques ». Le lendemain, la ministre durcissait le ton dans les colonnes du Monde « Un dirigeant d'entreprise publique condamné pour favoritisme, ce n'est pas une situation acceptable. [...] Il appartient à l'intéressé d'en tirer les conséquences, ainsi qu'au Conseil supérieur de l'audiovisuel, légalement compétent ». L'intéressé refusant la démission, l'affaire est entre les mains du CSA qui ne statuera pas sur les faits mais se doit de répondre à LA question : Mathieu Gallet peut-il encore sereinement exercer son mandat ? Olivier Schrameck, président du CSA, et ses sages l'entendront le 29 janvier et statueront lors de l’assemblée plénière le 31 janvier.

Issues « catastrophiques » 

« Que Mathieu Gallet reste ou qu’il soit démis de ses fonctions, nous sommes face à deux issues assez catastrophiques confie, Philippe Ballet, président de l’UNSA Radio France. S'il est maintenu à son poste, il s'avère en délicatesse avec sa tutelle à un moment où une réforme structurelle de l’audiovisuel public est en train de voir le jour. S'il est démis de ses fonctions, c'est presque pire. Cette décision impliquerait une vacance du pouvoir, un intérim avec un membre du conseil d’administration. Autrement dit, une période d’incertitude et l’absence d’interlocuteur légitime alors que des projets risquent de mettre en péril le média radiophonique. »

Un communiqué de l'intersyndicale, le 16 janvier, pointe d'ailleurs un risque de fragilisation : « Après “La honte de la République” et la condamnation de Mathieu Gallet, Radio France à nouveau fragilisée », titre-t-il. Si l'on s'en tient aux procédures actuelles de nomination du président de Radio France par le CSA, il faut compter près de trois mois entre l’appel à candidatures pour ce poste et le choix du nouveau président. Suivi d’une période de tuilage de trois à quatre mois. L'intérim devrait alors être assuré par l'un des treize membres du conseil d'administration de Radio France. Les 4900 salariés peuvent-ils rester six mois sans dirigeant l’année où l’exécutif a promis une réforme de l’audiovisuel public ? Réponse le 31 janvier. 

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.