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Laurence Bloch, directrice de France Inter, revient pour Stratégies sur les temps forts de l'actualité, notamment l'affaire Mathieu Gallet, le Prix des fake news de Donald Trump ou l'arrêt du projet Notre-Dame-des-Landes...

Le recul de l’audience de la radio, d’après la vague novembre-décembre de Médiamétrie.

Le plus mauvais score en vingt ans ! Il y a une manière d’écouter la radio qui est en train de s’émousser. La temporalité n’est plus la même. À France Inter, où nous enregistrons des records d’écoute sur le numérique et le podcast, nous savons que nous ne pouvons pas rester immobiles. Après l’appli, il nous faut travailler sur les podcats natifs pour toucher des cibles différentes et continuer à rajeunir. Grâce au numérique, nous avons rajeuni de deux ans au global, en passant en un an de 55,7 à 53,9 ans d'âge moyen. Mais il faut continuer. Il n’est pas normal que nous ne soyons pas plus écoutés par les 30-45 ans.

Le CSA tranchera le 31 janvier sur une éventuelle révocation de Mathieu Gallet après la déclaration de Françoise Nyssen l’appelant à « prendre ses responsabilités ».

Il est rassurant que le CSA reprenne la main. C’est l’autorité légitime pour décider si Mathieu Gallet doit continuer sa gouvernance. Ce que je peux dire après plus de trente ans de maison, c’est qu’à l’aube d’une réforme de l’audiovisuel public ardemment souhaitée, celle-ci aura plus de chances d’aboutir, de façon plus consensuelle et plus rapidement, si le capitaine du bateau connaît son navire. D’autant que, depuis l’arrivée de Mathieu Gallet, Radio France est un bateau moins immobile que les autres…

Donald Trump au pouvoir depuis un an qui délivre les « Prix fake news ».

Une facétie supplémentaire. Ce qui me fascine, c’est que sa base électorale reste importante car le pays, économiquement, se porte bien. Dans l’entourage de Trump, à la stupéfaction succède la circonspection. Au fond, quand l’économie va bien, le reste, on s’en fout. Il y a vingt ans, ce n’était pas le cas. Il y a une désinvolture vis-à-vis de l’ordre international. Trump pense qu’il peut régir le monde comme une entreprise et il n’est même plus question de multilatéral.

L’initiatrice de Balance ton porc Sandra Muller assignée en justice par celui qu’elle a balancé.

C’est légitime. Mais le mouvement « balance ton porc » a permis à la honte de changer de camp. J’ai beaucoup réfléchi en lisant la tribune signée par Catherine Millet et Catherine Deneuve. Le temps n’est pas aux questions de la séduction ou de la liberté. Nous sommes dans un moment où les pouvoirs publics doivent s’intéresser aux femmes violentées, agressées, aux suivis juridiques... Ils doivent prendre à bras-le-corps le harcèlement au travail, l’inégalité salariale, la place des femmes dans les postes à responsabilité…

Les mouvements de femmes revendiquant une féminisation des rédactions en chef.

Elles ont raison ! Il faut saisir l’opinion, secouer le cocotier. À Radio France, Mathieu Gallet a eu la volonté de nommer deux femmes [Laurence Bloch à France Inter et Sandrine Treiner à France Culture]. Au 18-20, j’ai moi-même choisi une femme [Fabienne Sintes] parmi d’excellentes candidatures. À compétences égales, je choisis une femme, à ce stade de l’histoire.

Le PDG de Lactalis tente de se défendre en pleine crise sanitaire.

C’est la moindre des choses : il en va de la survie de son entreprise. Mais dans son interview au JDD, il relate une réunion avec Bercy le 9 décembre où Lactalis l’emporte face à Bercy qui demande de retirer tous les lots à partir de février, au nom du principe de précaution. Lactalis obtient que ce soit à partir de mai. Je trouve ahurissant que l’entreprise ait le dernier mot. Il faut que l’État prenne la main.

Le lancement de la web-télé des Insoumis, Le Média.

C’est toujours intéressant que des gens aient envie de créer leur organe de communication. Des gens qui se considèrent maltraités par des médias qui, à leurs yeux, déforment et travestissent. Pourtant, Le Média se calque beaucoup sur le journal de 20 heures. Mélenchon avait marqué un point avec sa chaîne YouTube pendant la campagne. Un média qui s’adresse à des convaincus restreint son champ d’influence.

L’arrêt du projet de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes.

Les mots du Premier ministre ont été extraordinairement justes : « 50 années d’hésitation n’ont jamais fait une évidence ». Chapeau l’artiste ! Quand on n’arrive pas à un consensus malgré une maturation de cinquante ans, il ne faut pas y aller.

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