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En présentant son plan « Solocal 2020 », Eric Boustouller, le patron, a annoncé un plan de réduction des effectifs portant sur 22 % des salariés. À la clé, la suppression des entités de business locales au profit de « hubs » régionaux.

C'est sur France Inter que les salariés de Solocal ont appris le 13 février l'ampleur du plan de sauvegarde de l'emploi qui les touche. Au total, 1000 salariés sur 4500 devraient perdre leur emploi, soit sur la base du volontariat, soit par départs contraints. Inacceptable pour l'intersyndicale qui refuse tout licenciement sec. « On ne peut pas accepter l'annonce d'un plan social et un bénéfice de 300 millions d'euros », explique Nadine Champrou, déléguée CFDT, dont l'intersyndicale appelle à la grève le 23 février. La direction, elle, affiche un Ebitda de 196 millions d'euros sur un chiffre d'affaires de 756 millions d'euros en 2017, dont 636 millions sur internet (stable). « L'entreprise ne produit aucun cash, justifie Eric Boustouller, directeur général. Passé l'investissement, la fiscalité, la contribution de la dette, il reste zéro. Elle n'a aucune capacité d'investissement. »  

Passage de 23 sites à quatre hubs 

Le plan du nouveau patron, arrivé en octobre 2017 de Microsoft, mise donc sur une nouvelle organisation. À la place de bureaux disséminés sur le territoire avec des commerciaux vendant des petites annonces à 460 000 clients, il propose une concentration sur des centres d'affaires régionaux et une gestion à distance. Aux 23 sites du groupe se substitueront ainsi quatre « hubs » commerciaux à Lyon, Lille, Bordeaux et Rennes, ainsi que deux autres pour la production et le développement à Angoulême et à Chambéry, auxquels s'ajoute le siège de Boulogne-Billancourt. 

Conséquence, selon les syndicats, la moitié du plan vise les commerciaux, les responsables commerciaux et les directeurs de vente, l'entreprise ne cachant pas son désir de faire partir des managers. Pour pallier le risque d'affaiblir sa force de frappe sur son business, Solocal table sur ses activités de télévente qui verront leurs effectifs se renforcer de 10 % alors que le nombre de commerciaux de terrain sera réduit « de 25 à 30 % », selon Eric Boustouller. « C'est un nouveau parcours client, explique le dirigeant, il y aura un contact terrain au lieu de deux ou trois dans l'année mais de nombreux contacts avec un digital coach et les télévendeurs pourront proposer de nouveaux services ». Dans une approche multicanale, il s'agit aussi de signer avec les clients des abonnements, reconduits tacitement, plutôt que des contrats d'un an à reconquérir chaque année. 

Pour les utilisateurs, il s'agit aussi de revoir la pertinence du media PagesJaunes, via l'intelligence artificielle et un chatbot développé avec Microsoft. Un nouveau Chief Technology Officer, Arnaud Defrenne (ex-L'Oréal) a été recruté en ce sens. Présente sur deux champs, la réponse va passer sur un seul champ et sera de plus en plus personnalisée. Avis, prises de rendez-vous, vrai moteur de recherche... Eric Boustouller parle de « réinvention du media ». La filiale Mappy sera aussi repensée pour accompagner les Français dans leurs déplacements.

De cette transformation en « partenaire local digital de confiance », Eric Boustouller attend une meilleure compétitivité et le retour à une croissance à deux chiffres en 2020, avec 120 millions d'économies. Mais pour l'heure, « Solocal 2020 » c'est surtout Solocal 1000 de moins...

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