Télévision
Le nom de l’élu(e) à la présidence de la chaîne parlementaire, pour un mandat de trois ans, devrait être connu la semaine prochaine. Les trois candidats ont tous un handicap...

« On m’a demandé si j’allais quand même me représenter ». Ce 12 février, la présidente de LCP, Marie-Ève Malouines, a choisi de ne rien éluder de « l’affaire » Frédéric Haziza, contre lequel une plainte pour harcèlement sexuel a été déposée par une journaliste, Astrid de Villaines, qui a préféré, depuis, quitter la chaîne pour un CDD au Monde. L’homme a déjà reçu un avertissement en 2014, argue-t-elle, il ne peut être mis à pied, sauf à le sanctionner deux fois. La rédaction a voté une motion de défiance contre sa présidente, qui a pourtant été sélectionnée au terme d’un premier tour, éliminant Christine Kelly et Geneviève Goëtzinger. « Preuve qu’on ne fait pas grand cas de la libération de la parole des femmes, confie-t-on à la SDJ, cela signifie que ce qui nous a choqués ne choque pas les hommes politiques. » Face à Marie-Ève Malouines : Bertrand Delais et Thierry Guerrier. Forces et faiblesses de leurs candidatures avant la décision finale le 14 mars.

Marie-Ève Malouines, la sortante

Elle mise sur quelques réussites comme les Questions au gouvernement et son projet d’aller assez loin dans la fusion, ou la « jonction » avec Public Sénat : grille concertée, matinale commune, coordination quotidienne, responsable unique de la diffusion numérique. « Nous devons travailler ensemble », dit-elle, décidée à assurer la « cohérence des grilles ». Son rêve ? Des émissions sur l’emploi ou de rencontres entre des acteurs politiques et artistiques. Mais comme dit Richard Ferrand, président du groupe LREM, « les balles ont ­sifflé sur [sa] présidence ». Elle peine à montrer qu’elle peut être un facteur de cohésion interne et France Info a retiré son partenariat avec Question d’info d’Haziza.

Bertrand Delais, l’archi-favori

Pour avoir réalisé deux films sur le candidat Macron – que la SDJ considère comme des panégyriques –, Bertrand Delais a dû préciser : « Ce ne serait pas télé-Macron ». Avec ses faux airs de Serge Moati, ce documentariste revendique une proximité avec ses sujets qui n’obère en rien, dit-il, son indépendance. Il se dit soucieux de dialogue social, considère que LCP doit montrer le travail parlementaire et promet un audit indépendant. Il veut une vraie plateforme replay et une appli, une fusion des rédactions web et antenne et presque doubler le budget pour le documentaire. Ses innovations : un bus LCP pour aller à la rencontre des citoyens et un « blog » vidéo par groupe parlementaire. Mais ce n’est pas un manager et le sparadrap Macron lui colle à la peau.

Thierry Guerrier, l’outsider

Il a hésité à y aller. Thierry Guerrier est un journaliste qui n’improvise pas – il a dirigé le service politique d’Europe 1 et la rédaction de France Info, présenté C dans l’air… Sa candidature a été très bien préparée. Offre multi-écrans en responsive design, soirées thématisées (« lundi, le retour de circonscription »), jeu en partenariat avec des grandes écoles, nouveaux formats vidéos à la Brut, portraits de 3 mn de députés, motion design sur des questions-clés… Objectif : mieux valoriser la chaîne. « On ne voit pas assez de députés différents sur l’antenne de LCP », martèle-t-il (« 234 sur 577 »). Il veut aussi « restaurer la confiance en redonnant du sens au collectif ». Seul hic : depuis deux ans, il est consultant pour des entreprises privées comme Total. « Des ménages », traduit la SDJ.

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