Talent à suivre
L'illustratrice s'est expatriée à Londres pour vivre son métier en toute liberté. Son trait épuré et raffiné attire des annonceurs du luxe, ainsi que de grands médias internationaux.

[Cet article est issu du n°1946 de Stratégies, daté du 12 avril 2018]

 

Spécialiste de l’animation et de l’illustration, Emmanuelle Walker commence par étudier l’animation 2D à Montréal. Alors même qu’elle hésitait encore à devenir designer graphique, le destin en décide autrement. « Un jour, j’ai vu qu’il y avait des portes ouvertes pour un cours d’animation, j’ai foncé, j’ai été charmée », confesse-t-elle. Un pari risqué qu’elle ne regrettera pas puisqu’en 2007, elle rejoint Paris et intègre directement la troisième année du cursus « Conception et Réalisation de films d’animation » de l’école de l’image, Les Gobelins. S’ensuivent six années de travail pour des clients internationaux jusqu’au burn-out parisien. En 2012, elle décide donc de traverser la Manche pour s’installer dans ce qui deviendra son havre de paix, Londres. « À Paris, il y a trop de machisme dans les entreprises, les gens sont fermés. C’est tout le contraire ici. Les gens ne se marchent pas dessus... dans tous les sens du terme », remarque-t-elle. Un changement d’air qui ne semble en rien dissiper son talent. Représentée par la société Nexus Productions, elle a réalisé des films d’animation hauts en couleurs, notamment pour la marque de luxe Lancôme ou encore Colorscope sur la chaîne CNN, une série primée sur l’exploration des couleurs. Ça, c’est quand elle ne dessine pas pour les couvertures de magazines dont le Hollywood Reporter, Revue XXI, Spirit magazine ou encore le « 100 % Luxe » de Stratégies.

Contemplation

Cette vie professionnelle, elle l’exerce en freelance. Un moyen d'être en accord avec son principe de libre arbitre, « choisir ses clients c’est un bien grand mot, je n’ai pas toujours le luxe de refuser. J’attends simplement d’avoir une liberté de création », explique-t-elle dans un français un peu hésitant, quand ses coups de crayons, eux, ne font que s’affirmer avec le temps. Dans un style épuré et féminin, Emmanuelle Walker traduit ses observations, de tout comme de rien, en croquis. « Je regarde ce qui m’entoure ; les lumières, les balades, la démarche des gens. Les musées sont également une grande source d’inspiration, mais j’essaie de prendre du recul sur ce que les artistes ont déjà fait », précise l’illustratrice. Prendre le temps, c'est un luxe qu'elle s'octroie sans en avoir honte. « Surtout il ne faut pas avoir peur de ne pas avoir trop de travail, il faut apprécier les moments de vide et les rentabiliser », exhorte Emmanuelle Walker. Un conseil qu’elle suit à la lettre.

En parallèle, elle prépare, en association avec la maison d’édition canadienne La Pastèque, un livre illustré sur le thème de la science. Autre projet en construction, les décorations pour enfants. « Je trouve celles du marché vraiment pourries, je réfléchis à réaliser une série de toiles pour enfants », prévoit l'artiste. Encore un moyen de marquer, à son niveau, les esprits créatifs. 

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