La semaine vue par...
Axelle Lemaire, dirigeante de Terra Numerata au sein du cabinet de conseil Roland Berger et ancienne secrétaire d'État au Numérique, revient sur la taxe Gafa, le scandale Cambridge Analytica et autres actualités de la semaine.

Le scandale « Cambridge Analytica » dans lequel Facebook est empêtré.

Mark Zuckerberg a tardé à réagir, au regard de la gravité des accusations d’interférence dans le fonctionnement démocratique. Mais la conscience de la responsabilité semble encore faible au regard des enjeux. Jamais, dans l’histoire de l’humanité, un individu, un gouvernement ou une organisation, n’ont été placés en position d’influencer directement 2 milliards d’individus... Facebook doit se hisser à la hauteur des attentes de la société, et non pas uniquement à celle de ses actionnaires - retrait des contenus illicites, protection des données personnelles, transparence de l’information aux utilisateurs, gouvernance des algorithmes - et embrasser le principe de « loyauté des plateformes », qui figure dans la loi pour une République numérique que j’ai défendue au Parlement. 

 

La taxe Gafa, en préparation à Bruxelles, vise à taxer la richesse dans le pays où elle est créée.

On parle de 3 %... Mais voilà des années, longues et lentes, que des travaux de coordination internationale sont menés, avec un manque à gagner fiscal de plus en plus important pour les États. Or, les Européens sont de grands consommateurs des services des plateformes numériques, il est temps que l’Europe se fasse entendre. L’imposition pourrait se faire sur les ventes tirées de la publicité en ligne, de la vente de données et des commissions prises par les plateformes d’intermédiation - enfin une approche fiscale qui appréhende le numérique par les data et les utilisateurs. Mais à 28, ce n’est pas gagné...


SFR finalement contraint de séparer contenus et forfaits internet.

Altice poursuivant sa réorganisation, SFR s’attache à clarifier son offre de détail. Je ne crois pas à la stratégie de l’intégration verticale qui consiste à lier accès aux infrastructures et accès aux contenus. Profondément, la raison d’être d’un contenu c’est d’être diffusé, celle d’un accès à internet de permettre de les consulter. Les tuyaux ont une valeur, les contenus ont une valeur, pourquoi vouloir les dévaloriser en laissant penser que l’un ou l’autre serait gratuit ? C’est encore plus vrai concernant la presse, qui n’est pas un contenu comme les autres.

 

Google lance le paiement vocal.

Pour l’instant les interfaces « voix » des enceintes connectées restent peu performantes, surtout en français. Elles posent aussi la question de l’accès à cette fonctionnalité : contrairement au web, les plateformes de Google ou d’Apple sont fermées. Si le paiement vocal s’imposait, comment tous les commerçants pourraient-ils en bénéficier, et à quelles conditions ? Il n’empêche, Google joue son rôle de prescripteur des usages futurs, qu’il a les moyens d’assumer. Il en gagnera dans tous les cas l’amélioration de ses solutions algorithmiques d’apprentissage automatisé par la voix.

 

Les entreprises toujours en retard sur le RGPD, selon un sondage de Smart GDPR.

L’alarmisme a le vent en poupe, surtout lorsqu’il fait vendre toutes sortes de services d’accompagnement... Or, ce retard est le reflet d’un manque plus général de maturité dans les stratégies d’utilisation des données. En réalité, il est relativement aisé de nommer un délégué à la protection des données et de procéder à un audit. La mise en conformité est plus lourde et prendra plus de temps, surtout si elle touche au modèle d’affaires des sociétés. Mais le RGPD n’est pas anti-innovation en soi, il se contente de rappeler certains principes de bon sens. C’est l’approche conseillée par les cabinets d’avocats - rigide et peu au fait des opportunités de la « privacy tech », qui l’est. Cette prévention du risque à l’extrême risque de plomber des entreprises.

 

Lidl, premier annonceur en 2017 selon Kantar Media.

D’un côté, Lidl poursuit une stratégie offensive pour améliorer son image de marque en France et élargit sa base de consommateurs. De l’autre, Renault n'est plus le premier annonceur : cela confirme que les budgets publicitaires de l’automobile sont tendanciellement à la baisse. La communication de ce secteur est de moins en moins axée sur le lancement de nouveaux modèles, et de plus en plus sur les opérations spéciales. C’est un glissement intéressant vers la publicité séquentielle qui se déroule « tout au long de la vie du produit ».

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