Football
La LFP et beIN Sports ont trouvé un accord avec la télévision publique chinoise CCTV pour la diffusion du championnat de France. Il offrira une exposition inédite à la Ligue 1 pour tenter de rattraper le retard hexagonal sur ses concurrents européens sur le continent asiatique.

Le match du 18 mars entre Nice et le Paris Saint-Germain n’aura été que le coup d’envoi. Les prémices de ce que Didier Quillot appelle une « priorité stratégique » de la Ligue de football professionnel (LFP) : s’adresser à une audience asiatique. En avançant la rencontre entre les deux équipes à 13 h, la partie a pu être suivie par 1,6 million de Chinois. Une audience 16 fois supérieure à la France. Si bien que la signature d’un accord le 9 avril entre la LFP, beIN Sports et CCTV est apparue comme une évidence.

« Notre plan était le développement de la Ligue 1 sur le continent asiatique. On est aidés par un contexte favorable. Les autorités chinoises ont déclaré le football priorité nationale dans l’espoir de gagner la Coupe du monde avant 2050. De plus, des partenaires chinois sont entrés au capital de nos clubs (OL, Nice) », explique Didier Quillot, directeur général exécutif de la LFP.  

Deux matchs par journée

Concrètement, à partir de la saison prochaine, la télévision publique chinoise diffusera deux matchs en direct par journée et pourra reprendre en intégralité des émissions de beIN. « C’est une très bonne nouvelle pour la Ligue 1. Le championnat va pouvoir bénéficier d’une exposition exceptionnelle dans un pays qui compte 1,3 milliard d’habitants », commente Philippe Bailly, président de NPA Conseil. Dès août, la Ligue testera sa nouvelle popularité. Le Trophée des champions, opposant le champion de la Ligue 1 au vainqueur de la Coupe de France, aura lieu à Shenzhen les deux prochaines saisons. La Ligue pourra à la fois mesurer le remplissage du stade et l’audience puisque le match sera diffusé en direct sur CCTV. 

Outre une audience dopée, la LFP souhaite combler les retards de la Ligue 1 à l’international. « On doit travailler, reconnaît Didier Quillot, on a du retard par rapport aux autres championnats européens. On a ouvert un bureau en Chine. Il est chargé de trouver des sponsors, des diffuseurs et d’animer les réseaux sociaux de la Ligue en Asie. On veut que la Ligue 1 soit un championnat référent en Chine. » Malgré ce retard en Asie, Philippe Bailly se montre optimiste. « Je prendrais le problème en sens inverse. Cet accord de diffusion en Chine, c’est la preuve de la montée en puissance de la compétition. Tous nos indicateurs tendent à montrer que la Ligue 1 et La Liga espagnole sont les championnats européens les plus attractifs cette année », indique le président de NPA Conseil. Toutefois, les intérêts de la Ligue en Asie ne se réduisent pas à l’audience mais s’étendent à la commercialisation des droits audiovisuels à l’étranger.

Dans ce domaine, la LFP souffre aussi de la concurrence avec ses voisins. Quand l’Angleterre vend ses droits TV pour 1,3 milliard d’euros par an à l’étranger sur la période 2018-2024, la Ligue 1 s’exporte « seulement » pour 80 millions d’euros. Nul doute qu’avec cet accord, les recettes télévisuelles de la Ligue devraient sensiblement augmenter.  Car son objectif est d’atteindre les 1 milliard d’euros de droits TV contre 762 millions d’euros. C’est avec cet objectif que la LFP a lancé l’appel d’offres pour les droits TV domestiques sur la période 2020-2024 le 25 avril.

Avec une nouveauté majeure : le droit de sous-licence, jusque-là interdit. « On espère attirer de nouveaux acteurs avec cette possibilité. On peut tout à fait imaginer voir un opérateur chinois acheter tous les droits de la Ligue 1 pour les revendre ensuite », déclare Didier Quillot. « L’avantage de la sous-licence est que vous pouvez à la fois faire du bénéfice sur les lots que vous revendez, mais aussi sur ceux que vous gardez », explique Philippe Bailly. La situation n’aurait rien d’inédite. Le groupe espagnol MediaPro, détenteur des droits télévisuels en Espagne et en Italie, a été récemment acheté par un investisseur chinois, Orient Hontai Capital.

Des affiches du PSG ou de l’OM

Tout en présentant son nouvel appel d’offres, la LFP a aussi dévoilé les contours de la programmation de la Ligue 1 entre 2020 et 2024. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle fait la part belle au continent asiatique. Le dimanche, deux créneaux semblent particulièrement propices à une audience chinoise. Celui du match de 13 h, et le multiplex de 15 h composé de quatre matchs qui ces dernières saisons avaient lieu le samedi à 20 h. « Avec ces cinq matchs le dimanche, on va permettre aux Chinois de découvrir pas moins de dix équipes par journée. On instaure aussi une régularité pour eux, ce qui n’existait pas encore », affirme Didier Quillot. En attendant 2020-2021, la LFP essaiera de décaler 2 à 3 matchs par saison pour toucher l’Asie comme elle l’avait fait pour PSG-Nice. « On ne va pas se le cacher, ce seront des affiches du PSG ou de l’OM », glisse le directeur général exécutif de la Ligue. Une chose est sûre : la LFP s’est définitivement mise à l’heure chinoise.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.