Procès

Le groupe de Vincent Bolloré a été débouté mardi par le tribunal de commerce de Paris dans une procédure où il demandait 50 millions d'euros à France Télévisions après la diffusion d'une enquête-portrait de l'homme d'affaires. Selon ce jugement consulté par l'AFP, le tribunal de commerce s'est déclaré "incompétent" au profit du tribunal de grande instance de Nanterre, qui a lui-même jugé le 5 juin que ce reportage de France 2 n'était pas diffamatoire.



Le groupe Bolloré demandait 50 millions d'euros à France Télévisions pour cette enquête sur Vincent Bolloré, qui traitait notamment de ses activités en Afrique et qui avait, selon son avocat Didier Malka, "dénigré" l'entreprise.



Cette nouvelle décision ne met pas fin à la bataille judiciaire entre Vincent Bolloré et les auteurs de son portrait: comme après le jugement du tribunal de Nanterre, l'avocat du groupe a indiqué à l'AFP qu'il allait interjeter appel de cette décision du tribunal de commerce. "Le tribunal a statué sur une question de procédure. Il n'a pas donné un blanc-seing sur les propos tenus" dans le documentaire, a souligné Me Malka.

 

«Stratégie d'intimidation» 

Dans le reportage diffusé en 2016 sur France 2 dans "Complément d'enquête" et récompensé par le prix Albert-Londres, les journalistes retracent le parcours de l'industriel, de la reprise de la fabrique familiale de papier à cigarettes OCB en Bretagne à la construction de son empire, en passant par la reprise en main de Canal+ et sa présence en Afrique.



Plusieurs séquences étaient notamment consacrées aux activités de la Socapalm, société qui produit de l'huile de palme au Cameroun et dont le groupe Bolloré est actionnaire. Des sous-traitants, pour certains présentés comme mineurs, payés à la tâche, travaillant sans vêtements de protection et logeant dans des conditions insalubres, y témoignaient.



Une troisième procédure est en cours au Cameroun, la Socapalm ayant attaqué elle aussi en diffamation France Télévisions et le journaliste Tristan Waleckx, l'un des auteurs de l'enquête. "On est clairement dans une stratégie d'intimidation de la presse, mais je suis heureux que la justice reconnaisse que mon reportage n'était ni diffamant, ni dénigrant", s'est félicité Tristan Waleckx à propos de cette décision du tribunal de commerce.

 

«Procédures-baillons» 

"Vincent Bolloré s'est enlisé tout seul dans une stratégie d'attaques massives et multiples. J'espère qu'à force de subir ces revers judiciaires à répétition, il va finir par nous laisser tranquilles", a poursuivi le journaliste, dénonçant des "procédures-bâillons" visant à décourager les enquêtes journalistiques.



Le reportage, intitulé "Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien?", évoquait également les conditions d'attribution d'une concession portuaire de la ville camerounaise de Kribi en 2015, le journaliste posant la question d'éventuels "passe-droits" ayant profité à M. Bolloré. L'homme d'affaires de 66 ans a été mis en examen fin avril pour "corruption" dans une enquête sur les conditions d'attribution de ses concessions portuaires en Afrique de l'Ouest.

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