Télévision
Avec des audiences en baisse et une part de marché publicitaire en net recul, les chaînes gratuites du groupe Canal+ sont à la peine. Cyril Hanouna, l’homme fort de C8, ne peut plus faire illusion.

En cette rentrée, Maxime Saada a le sourire. Le président du directoire de Canal+ se vante d’avoir redressé le groupe repris en main par Vincent Bolloré trois ans plus tôt. Pour preuve, un chiffre d’affaires global en hausse de 0,8 % au premier semestre et un nombre d’abonnés qui dépasse les 16 millions en comptant l’international. En France, le patron martèle que les abonnements individuels à la chaîne Canal+ ont augmenté de 271 000 ces douze derniers mois (1). «Nous sommes sur une dynamique positive», a-t-il insisté le 30 août devant un parterre d’annonceurs réunis au siège de Vivendi, regrettant «beaucoup de désinformation dans la presse».

L’audience de C8 en recul 

Sur le plan publicitaire, la situation du groupe est plus compliquée. En un an, C8 a perdu 0,4 point de part d’audience sur la période janvier-juin, à 3,2 %, et même 0,9 et 0,8 point sur les deux principales cibles publicitaires, les femmes responsables des achats de moins de 50 ans (FRDA-50), à 3,5 %, et les 25-49 ans, à 3,9 %. Sur la seule case occupée par la deuxième partie de Touche pas à mon poste (TPMP), la tranche la plus puissante de la chaîne, l’audience a reculé de 18 %, à 4,9 % (– 0,7 point), 8,1 % (– 1,8 point) sur les FRDA-50. La guéguerre que se livrent Cyril Hanouna et Yann Barthès sur TMC n’y est sans doute pas pour rien.

Les autres chaînes gratuites du groupe résistent mieux : CStar est stable au premier semestre, à 1,1 % de PDA, tout comme CNews à 0,6 %, après avoir perdu un tiers de son audience entre 2016 et 2017. Entre-temps, une grève historique qui avait conduit au départ des deux tiers de la rédaction est passée par là. La chaîne Canal+ remonte, elle, très légèrement, à 1,1 % (+ 0,1 point). Reste qu’au premier semestre 2016, à la veille de la réduction drastique des tranches en clair, sa part d’audience était encore de 2 %. Au global, la part de marché de Canal+ Régie est passée de 9 % à 6,4 % entre 2016 et 2017, et aurait même encore baissé un peu au premier semestre 2018, selon des estimations de Publicis Media. « Il y a une époque où Canal+ avait une vraie fonction publicitaire, car elle touchait des petits consommateurs télé et une cible un peu plus CSP+. La chaîne l’a perdue. Et si C8 reste intéressante, avec quelques écrans puissants, c’est une chaîne comme les autres pour les annonceurs, elle n’est pas différenciante », estime Philippe Nouchi, directeur de l’expertise média au sein de l’agence.

Le pari Hanouna

Pour relancer la machine C8, le groupe Canal mise sur Cyril Hanouna, qui génère à lui seul 50 % des revenus de la chaîne, selon Publicis Media. En plus de TPMP, l’animateur star prend les rênes d’un nouveau talk-show le vendredi en deuxième partie de soirée, Balance ton post !, tandis que vont se succéder en prime deux nouvelles déclinaisons de TPMP, également produites par H2O, la société de Cyril Hanouna (filiale de Banijay Group, détenu à 31,4 % par Vivendi). Il faut bien rentabiliser l’investissement : pour sécuriser l’animateur, Vincent Bolloré avait accepté de débourser 50 millions d’euros par an jusqu’en 2021. Heureusement que le groupe peut compter sur Havas : l’agence de Vivendi a surinvesti ses chaînes au premier semestre en mettant 12,4 % de ses investissements TV dans Canal+ Régie, contre 9,2 % pour l’ensemble du marché.

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