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Denise Epoté, directrice de TV5 Monde Afrique, revient sur l'actualité de ces dernières semaines, notamment la récente élection de Jair Bolsonaro au Brésil.

L’élection de Jair Bolsonaro au Brésil.

Voir l’extrême-droite arriver au pouvoir dans ce grand pays jette le trouble dans les esprits. C’est d’autant plus inquiétant qu’une frange non négligeable de Brésiliens, profondément déçue par les sommets atteints par la pauvreté et la corruption, est tentée de prendre ce populiste pour un sauveur. Et même la population métisse et noire, majoritaire dans le pays, se laisse insidieusement gagner par l’idée qu’il est celui qui mettra fin à la pauvreté, qui touche 70 % de leur catégorie. Pour espérer ne pas totalement changer de société, les militants du Parti des travailleurs peuvent encore compter sur la qualité des institutions brésiliennes et sur la vitalité des syndicats. L’ère des grandes mobilisations populaires est peut-être de retour.



Les séries télé s’emparent du mouvement #MeToo, comme en témoignent les fictions brésiliennes Harcèlement et Impure, révélées par The Wit au Mipcom. 

Au Brésil, les violences faites aux femmes sont un véritable fléau. Selon l'Institut Datafolha, en 2017, une femme sur trois de plus de 16 ans, affirme avoir été victime de violence physique, verbale ou psychologique, au moins une fois au cours de l'année. Il est donc normal que la dynamique mondiale des mouvements #MeToo ou #BalanceTonPorc se retrouve dans les scenarii brésiliens. De tout temps, les séries africaines ont évoqué la condition de la femme. Mais à ce jour, le mouvement #MeToo n’est pas encore perceptible dans les scenarii. En tout cas, pas dans celles diffusées sur TV5Monde Afrique. Il y a sans doute une explication. Les producteurs des séries sont… des hommes.



Canal+ rompt ses discussions avec le cinéma français, faute d’entente sur la chronologie des médias.

C’est bien dommage, car le soutien de Canal+ à l’industrie du cinéma français était, jusqu’ici, fort appréciable. Mais le mode de consommation des contenus ayant évolué, une adaptation s’imposait. Sur le continent africain, Canal+ a construit dans plusieurs capitales des salles de projection, baptisées CanalOlympia. Si une partie des sommes consacrées jusqu’ici au cinéma français pouvaient, demain, servir à soutenir la production africaine, les producteurs et les réalisateurs du continent ne s’en plaindraient pas. Cela aurait du sens que Canal+ soutienne à la fois la production et la diffusion en Afrique en programmant 50% de films africains dans ses salles, et non 5%.

 

Deezer met le cap sur l’Afrique après avoir levé 160 millions d’euros.

Ce n’est pas surprenant. L’Afrique est un continent de plus d’un milliard d’habitants dont la moitié a moins de 25 ans. Il y a quelques mois, Universal Music et Sony s'installaient à Abidjan, afin de se positionner sur un marché culturel en expansion. Deezer leur emboîte le pas, en pariant sur le dynamisme de la scène musicale anglophone. En 2020, l’Afrique comptera plus d’un demi-milliard d’abonnés aux services mobiles.

 

La Rwandaise Louise Mushikiwabo nommée secrétaire générale de l’OIF [Organisation internationale de la francophonie] dès 2019.

Une femme succèdera à une femme ! Je m’en réjouis mais regrette que la sortie de Michaëlle Jean n’ait pas été mieux gérée par son pays le Canada. Elle a parlé d’inélégance et je la comprends. Ceux qui, aujourd’hui, lui dénient son africanité sont les mêmes qui, au sommet de la francophonie de Dakar en 2014, ont souligné qu’elle était d’ascendance africaine. Quant à Louise Mishikiwabo, de par ses fonctions de ministre des Affaires étrangères du Rwanda, elle a été, pendant dix ans, la représentante de son pays aux sommets de la Francophonie. Elle n’arrive donc pas en terre inconnue. Avec sa personnalité, elle poursuivra les missions assignées à l’OIF.



L’assassinat du chroniqueur du Washington Post, Jamal Khashoggi, au consulat d’Arabie Saoudite, à Istanbul.

Où l’on découvre un prince capable de procéder, par le biais d’hommes de main, à des purges en règle, dans le plus pur style des régimes totalitaires. Même les mesures cosmétiques, telle la possibilité pour les femmes d'être libres, de prendre le volant, s’accompagnent, en douce, d’indicibles mesures de rétorsion, tel l'emprisonnement des femmes activistes les plus en vue, telles Samar Badawi, Nassima al-Sadah. Il faut juste espérer que quelque chose va changer dans les rapports des puissances occidentales avec l’Arabie Saoudite.

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