Multimedia
L'Altice Campus, construit par Jean-Michel Wilmotte, accueille depuis mi-octobre toutes les antennes de NextRadioTV à côté de SFR. Reportage au sein du nouveau siège qui se veut l'écrin de la stratégie multi-écrans de l'opérateur télécoms.

« Après avoir beaucoup râlé, parce que je suis comme ça, maintenant, je suis très content », lâche dans un sourire entendu Jean-Jacques Bourdin. Ce n’est pas une mince affaire que de contenter les 1700 salariés qui viennent de migrer dans l'un des quatre bâtiments du Campus Altice, consacré aux médias. À la production et à la réalisation, sept antennes de NextRadioTV : RMC, RMC Découverte, RMC Story, RMC Sport, BFMTV, BFM Business et BFM Paris. Les locaux sont neufs et signés Jean-Michel Wilmotte. À la clé pour les salariés : le double de surface dans cet ensemble situé face au ministère des Armées, à quelques encablures du périphérique sud, dans le 15e arrondissement de Paris. Un kilomètre de distance sépare l'ancienne adresse du nouveau siège acheté par Patrick Drahi en juin 2016... Mais quelle épopée pour le parcourir !

Un coût de 35 millions d'euros

« C’est audacieux de vouloir transformer un immeuble conçu pour le tertiaire en usine de production audiovisuelle. Un défi qui a nécessité deux ans et coûté 35 millions d'euros », explique Frank Lanoux, directeur délégué de NextRadioTV, directeur général de RMC et grand ordonnateur du projet. Le chantier a été titanesque comme en témoignent ces pieux de 120 mètres plantés dans le sol pour soutenir le poids, ces armoires électriques par dizaines ou encore ces jardins surélevés pour construire trois des sept studios télé, très hauts de plafond.

Ce matin encore, des ouvriers sont à l'oeuvre. À 6h00, l’allée des studios qui dessert les sept plateaux du rez-de-chaussée est vide. Un chroniqueur répète son texte dans un renfoncement dédié tandis qu’une maquilleuse s’occupe de Benjamin Locoge, journaliste à Paris Match venu parler de Johnny. Moquette gris clair, murs gris perle, mobilier rouge, les couleurs des logos de NextRadioTV et d’Altice scellent le mariage entre le géant des télécoms et le groupe média fondé par Alain Weill. Pas de coupes de champagne brisées lors de la noce mais... un raté dont Jean-Jacques Bourdin a fait les frais, avec un écran noir et une interruption du son, le 19 octobre, de 7h30 à 8h30. « Si ça continue, j’arrête immédiatement. Je ne ferai plus que de la radio et je ne ferai plus de télévision » avait-t-il fulminé en direct. La méchante panne, survenue lors sa matinale sur RMC et RMC Découverte, a été réparée lors de son Bourdin Direct sur BFMTV. « Comprenez bien que je me mets à la place de l’auditeur, confie à Stratégies le journaliste, à la pause de 6h40. On offre un service. Et si on ne nous entend pas ou que l’on ne nous voit pas, le contrat n’est pas rempli. C’est pour cela que j’ai poussé un coup de gueule »

Ce matin-là, tout est rentré dans l’ordre. Le présentateur est plus souriant que ses caricaturistes le laissent croire. « Les studios sont plus chaleureux. Tout est beaucoup plus pratique. C’est ultra-moderne. La lumière et les images sont magnifiques. Ce sont des atouts pour trouver de nouvelles idées ». Alain Weill, le patron d’Altice Média l’aurait-il envouté alors qu'une téléspectatrice s'est plaint en direct des lumières « techno » du studio ? Le big boss est en tout cas fier d’avoir réuni dans un seul bâtiment son empire. Il ne manque pas de rappeler qu’il s‘agit « d’un exemple unique, non seulement en Europe, mais dans le monde. Depuis ce lieu, nous diffuserons dès mi-novembre cinq matinales d’info, avec BFMTV, BFM Business, RMC, RMC Sport (avec la nouvelle émission de Céline Géraud, « Réveil matin Céline ») et BFM Paris ». L’autorisation de la préfecture enfin décrochée, Les Grandes Gueules se déroulent devant un public de 150 personnes dans un espace de 200 m2.

Émissions « haut de gammisées »

Les sept studios sont équipés de 53 caméras HD, UHD ready robotisées avec deux grues pour les décors virtuels ou en réalité augmentée, 300 écrans couvrent les murs d’images des plateaux et des régies. De quoi « haut de gammiser » les 130 émissions diffusées en direct à la radio et/ou à la télé chaque semaine. « Ce bâtiment est à la hauteur du standing de la chaîne. On était serré comme des harengs et on avait la tête dans le périphérique. Nous l’avons dans les arbres, maintenant. Ces nouveaux moyens techniques vont nous permettre de développer encore le bimédia » confie Hervé Béroud, DG de BFMTV et directeur de l’information de NextRadioTV. Le journaliste Laurent Neumann qui doit passer du studio de RMC à celui de BFMTV en moins d’une minute est enthousiaste. Le défi est à sa portée car les deux plateaux se font face : « C’est d’un confort inouï. On peut désormais accueillir six invités au lieu de quatre ».

De l'hôtel Ibis au Crillon

Ce matin, Boris Lanneau, le fan de Johnny qui a écrit une chanson sur son dernier album est aussitôt convié sur le plateau de BFMTV par les équipes de Jean-Jacques Bourdin. « C’est tellement plus confortable » renchérit Adeline François, aux commandes de Première édition. « On est passé de l’hôtel Ibis de Maubeuge au Crillon, rigole Christophe Delay, son coanimateur. Il y a onze ans, la chaîne tenait dans un appartement de 100 m2. Mais d’un point de vue éditorial, il ne faut surtout pas que ça change ». Les nouveautés à venir ? Après la diffusion sur RMC Story de la matinale Good Morning business de Stéphane Soumier, sur BFM Business, NextRadioTV réfléchit à mettre les émissions de RMC, Radio Brunet et M comme Maïténa Biraben, sur l’une des l’antennes télé du groupe. Sans oublier les télés locales qui sont aussi dans le viseur d'Altice Média. Prochaine étape ? Lyon, début 2019. Un nouveau pari technologique dont les locaux seront encore, sans doute, le reflet.

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