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De nombreux médias ont déménagé ces derniers mois, la conséquence de changements dans leur actionnariat, d'opérations immobilières et/ou de politiques de regroupement

RTL, Europe 1, Libération, BFMTV, RMC... : de nombreux médias ont déménagé ces derniers mois, la conséquence de changements dans leur actionnariat, d'opérations immobilières et/ou de politiques de regroupement. Le weekend dernier, Europe 1 a quitté la rue François 1er, dans le «triangle d'or» parisien, pour l'ex-immeuble de Canal+, rue des Cévennes, dans le XVe arrondissement.

En début d'année, c'est RTL (et ses filiales RTL 2 et Fun Radio) qui avait quitté la rue Bayard, également située près des Champs-Elysées, pour s'installer à Neuilly-sur-Seine. Et après Libération l'an dernier, les autres médias d'Altice (dont BFMTV et RMC) ont rejoint depuis quelques semaines l'Altice campus, situé là encore dans le XVe arrondissement, et qui abrite aussi des milliers de salariés de l'opérateur SFR.

«Les déménagements répondent à des logiques différentes, mais ils sont surtout liés ces dernières années à des regroupements de médias, sous la tutelle de groupes ou d'investisseurs, sur un seul site, pour faire des économies d'échelle en mutualisant les services de back-office comme l'informatique et la publicité», voire à terme en fusionnant des rédactions, explique à l'AFP Patrick Eveno, historien des médias à la Sorbonne.

Ainsi, RTL s'est rapproché de sa maison mère M6, déjà installée à Neuilly; Europe 1 et les autres radios de Lagardère (RFM et Virgin) partagent désormais le même bâtiment que le JDD; et les médias d'Altice font désormais maison commune. En outre le groupe Amaury a regroupé ses filiales dont L'Equipe dans un même ensemble à Boulogne.

Dans le cas d'Europe 1, c'est cependant une plus-value immobilière qui a motivé ce départ. Lagardère a cédé son ancien siège pour 253 millions d'euros. Les journaux, quant à eux, qui étaient historiquement implantés «au coeur de Paris, autour des Grands Boulevards», l'ont délaissé depuis les années 1980, rappelle Patrick Eveno. À l'image du Monde, qui avait été contraint de céder ses murs par ses créanciers.

Le Figaro, situé Boulevard Haussmann, reste le dernier grand média implanté dans ce quartier historique, avec l'AFP (place de la Bourse), qui étudie elle-même depuis quelques mois la piste d'un déménagement, pour réaliser des économies. Les équipements de transport et de communication (fibre...), couplés aux prix de l'immobilier et à l'offre d'immeubles modernes, jouent évidemment un rôle clé dans le choix des sites, d'où la décision de nombreux médias de s'implanter dans les Hauts-de-Seine ou aux portes de Paris.

Changement d'ère

Dans des médias en mutation accélérée, si ce n'est en crise, ces changements peuvent être vécus tantôt comme une cassure, tantôt comme un nouvel élan. «Un média ne perd pas son âme en déménageant, même si cela peut être traumatisant pour ses employés», relativise Patrick Eveno. «Il y a surtout un effet de nostalgie d'une période où la presse allait mieux.»

«Cela n'a pas empêché certains journaux comme Le Figaro, qui en est à son 5e ou 6e emplacement depuis sa naissance, de garder leur âme». Les déboires de Libération ne tiennent pas à son «changement d'adresse, mais au fait qu'il a perdu une grande partie de son lectorat et de ses journalistes», relève-t-il. De son côté, Laurent Guimier, le patron d'Europe 1, a estimé sur son antenne que le départ de la rue François 1er était l'occasion pour la station de se «réinventer».

«D'une manière générale, notre déménagement dans un tout nouveau bâtiment nous offre un confort de travail qui est bien supérieur à ce qui était le cas auparavant, dans les différentes rédactions et encore plus sur les plateaux, plus nombreux, plus vastes et plus modernes», fait valoir de son côté Hervé Béroud, directeur du pôle information dans l'audiovisuel chez Altice France.

«Individuellement, c'est à la fois un peu angoissant et passionnant», résume-t-il: «Cela nous permet d'être encore plus ambitieux pour la suite, mais individuellement il faut du temps pour prendre ses marques, trouver de nouvelles habitudes et repères et s'investir dans cette nouvelle aventure, comme on le fait depuis un mois.» Enfin, si les journaux ont délaissé le coeur de Paris, leur ancien fief est devenu le repère des géants du Net, à l'image de Facebook ou Twitter, qui y ont installé ces dernières années leurs QG parisiens.

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