Droit d'auteur
Sammy Ketz, journaliste à l'AFP, cosigne mardi 11 décembre une tribune pour défendre la réforme européenne du droit d'auteur, avec le soutien de plus d'une centaine de reporters et photographes, dont Florence Aubenas ou Yann Arthus-Bertrand.

Plus d'une centaine de grands reporters et photographes ont apporté leur soutien à une nouvelle tribune de leur confrère de l'AFP Sammy Ketz, appelant à défendre la réforme européenne du droit d'auteur contre les géants d'internet qui cherchent «à vider le texte de sa substance».

«Il y a deux mois, le 12 septembre, le Parlement européen votait massivement pour un projet de directive permettant à la presse et aux agences d'espérer être enfin rémunérées par les géants du net», via la création d'un «droit voisin» similaire au droit d'auteur et ce «malgré une mobilisation sans précédent des plateformes», écrit Sammy Ketz dans cette tribune publiée mardi 11 décembre, soutenue par 103 journalistes et photographes de toute l'UE.

«Campagne de lobbying»

L'instauration de droits voisins vise à permettre aux journaux, magazines et agences de presse comme l'AFP, de se faire rémunérer lors de la réutilisation en ligne de leur production par des agrégateurs d'informations comme Google News ou des réseaux sociaux comme Facebook.

Mais alors que la réforme doit faire l'objet d'un consensus au sein du «trilogue» (c'est à dire le Parlement européen, le Conseil et la Commission européenne), les grandes entreprises d'internet ont lancé «une nouvelle campagne de lobbying de grande ampleur», et sont «en passe de réussir à vider le texte de sa substance», explique le journaliste de l'AFP, grand reporter au Moyen-Orient et actuel directeur du bureau de Bagdad.

En effet, écrit Sammy Ketz, ces plateformes cherchent à faire exclure de la réforme les «snippets» (courts extraits d'articles qui apparaissent sur les moteurs de recherche, agrégateurs d'informations ou réseaux sociaux), ainsi qu'à exclure du dispositif les agences de presse et la presse spécialisée, et à réduire la durée de protection du droit voisin.

Nécessaires vérifications des informations

«Lorsqu'un moteur de recherche ou un agrégateur reprend textuellement une production d'un journal ou d'une agence, il paraît normal qu'il paie un droit voisin même s'il ne s'agit que d'un court extrait», plaide Sammy Ketz. Il donne l'exemple d'un titre tel que «Attentat suicide dans un quartier chiite de Bagdad: 32 morts (police, hôpitaux)», en apparence simple, mais qui nécessite en réalité pour être rédigé de nombreuses vérifications, faites par des journalistes en chair en os, qui travaillent parfois au péril de leur vie.

«Si la reprise des textes des éditeurs et agences échappe au droit voisin au motif qu'il s'agit de courts extraits (...), tous les investissements que les éditeurs et les agences de presse réalisent pour apporter cette information au public seront faits en pure perte, au risque d'«abandonner le terrain à ceux qui propagent des fake news», argumente-t-il.

Parmi les signataires figurent notamment la journaliste Florence Aubenas, le reporter de guerre Grégoire Deniau, le photographe Yann Arthus-Bertrand. Cette tribune est publiée par des journaux, sites et agences de presse dont l'AFP. 

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