Baromètre CSA
La vague 2018 du baromètre de la diversité du Conseil supérieur de l’audiovisuel montre que les emplois précaires, qui touchent 13% des Français, sont quasi-invisibles.

Fidèle à sa réputation, Memona Hintermann, conseillère du CSA sur le départ, a mis les pieds dans le PAF, le 9 janvier. «Ceux que l'on voit sur les ronds-points, on ne les voit pas sur les écrans. On ne voit pas non plus les mamans femmes de ménage ou les grands-pères des gens à capuche», lâche-t-elle. La vague 2018 du baromètre de la diversité atteste d’une surreprésentation à la télé des CSP+ (74% vs 76% il y a deux ans), d'une sous-représentation des CSP- (12% vs 13%) et d'une visibilité très marginale des inactifs (14% vs 11%). Dans la population française, la part des CSP+ n’est que de 27%, soit le même taux que les CSP-, alors que les inactifs sont 44%. Quant à la part des emplois précaires, elle n'est que de 0,7% sur les chaînes quand ils totalisent 13% des Français. «Il y a une très faible représentation - 3% - des grands ensembles de banlieue populaire», ajoute-t-elle. Les handicapés, malgré les succès des Bracelets rouges (TF1) ou de Cain (France 2), restent visibles à 0,7 % alors que 12 millions de Français souffrent de handicap, selon l’Insee.

«Le compte n'y est pas»

Sur 1450 heures et 37100 individus étudiés sur les chaînes gratuites (et Canal+), la part des personnes «perçues comme non blanches» progresse: 17 % contre 16% l’an dernier et 14% en 2012. Mais pour Memona Hintermann «il ne faut pas se gargariser avec ces chiffres, y compris au CSA, je dis que le compte n'est pas». Si les fictions en général sont à 20%, les fictions françaises sont à 14% et même à 10% si on enlève France Ô (qui ne disposera plus de chaîne en 2020). Le divertissement est à 16%, toute comme les magazines et les docs, alors que les infos sont à 13% et le sport (en raison d’une année rugby-tennis-F1) à 11%.

À l’inverse, la catégorie «non blanche» est sur-représentée dès qu’il est question d’activités «illégales ou marginales» (43%) ou de «situation précaire» (42%). Face à cela, le CSA ne dispose d’aucun pouvoir coercitif. Tout repose sur le bon vouloir des chaînes… lesquelles ne sont jamais nommément désignées. La conseillère regrette que la loi de janvier 2017, révisant les missions du CSA, n’ait pas obligé à publier des indicateurs, en raison d’un lobbying des chaînes. Une charte sur le handicap a été aussi victime, selon elle, d’un tir de barrage concerté.

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