Agence de presse
Fabrice Fries, PDG de l’AFP, fait face à la fronde des syndicats de son agence sur la réduction des postes. Mais c’est sur le volet de la croissance qu’il est attendu.

Il vient à la conférence de rédaction du matin et se tient au courant de la couverture sur les Gilets jaunes. Comme ses prédécesseurs, Fabrice Fries s'abstient néanmoins de toute intervention. « Il faut vraiment qu'il y ait un événement majeur, un dysfonctionnement, pour que je l'ouvre » a-t-il confié le 3 décembre devant l'Association des journalistes médias. C’est vrai que le PDG de l’AFP est moins attendu pour son expertise en matière d’information que pour sa capacité à générer des revenus. Et pour cause : l’Agence, endettée de 80 millions d’euros, risque d’accuser en 2019 sa première perte d’exploitation après s’être retrouvée dans le rouge en résultat net (-4,8 millions d’euros). D’où la volonté du patron de réaliser 14 millions d’euros d’économies sur les charges du personnel en supprimant 95 postes nets – et non plus 125 comme initialement annoncé. Le 29 janvier, les syndicats ont maintenu leur opposition à ce plan de « transformation » à base de non remplacements de départs en retraite, qui n’a pas varié sur l’objectif d’économies.

Ex-« Messier boy »

Il y a un an, il avait créé la surprise lors de son élection par les administrateurs. Le candidat était allé voir les clients de l’agence et avait fait valoir ses 25 ans d’expérience des médias, dont cinq à la tête d'un groupe de presse, à Havas. Surtout, l’ex-« Messier boy » avait réussi à convaincre qu’il était capable d’engendrer en cinq ans 30 millions d’euros de revenus additionnels – ramenés à 25 depuis - auprès des chaînes TV et des sites médias du monde entier. « J'avais un profil très commercial, j'ai bouffé du client pendant des années, j'étais chargé des grands comptes chez Atos et je faisais trois pitchs par semaine chez Publicis » rappelle celui qui a été à la tête de Publicis Consultants où il avait organisé des départs volontaires pour « 230 des 400 salariés », selon Le Canard enchaîné. Notons toutefois que la filiale de Publicis avait alors décidé de se recentrer sur l'influence en sortant de son périmètre Carré Noir, et ses 130 collaborateurs, ainsi que Verbe. A l'AFP, il doit maintenant convaincre que le déficit cumulé de 16 millions d'euros en quatre ans implique de réduire les effectifs. Impossible, juge l’intersyndicale, sauf à abîmer la qualité éditoriale.
Avant ce bras de fer, les choses avaient bien commencé. Le patron, qui veut faire de l'AFP « la référence mondiale de lutte contre les infox », a eu l’intelligence de s'éclipser sur le combat des droits voisins au profit d'une tribune de Sammy Ketz, chef du bureau de Bagdad. Les bureaux de l'AFP avaient alors été mobilisés pour traduire la tribune dans les langues de l'UE. De son côté, Fabrice Fries avait contracté le cabinet de lobbying G+ pour faire pression à Bruxelles auprès des Européens. À Paris, il est aussi à la manœuvre pour obtenir un financement public de 17 millions d’euros en 2021. Il entend notamment développer la vidéo qui ne représente encore que 13 % du chiffre d'affaires contre 40 % pour AP ou Reuters. « Le plus compliqué, c'est la croissance » concédait-il début décembre.

Parcours :

1986. ENA – Cour des Comptes.
1990. Cabinet de Jacques Delors à Bruxelles.
1995. CGE puis directeur de la stratégie d’Havas.
2001. LBO sur la branche de presse spécialisée.
2004. Atos Origin, vice-président.
2006. Publicis, secrétaire général.
2009. Publicis Consultant, président.
Avril 2018. PDG AFP.

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