Numérique
Sur Instagram ou Snapchat, les médias français sont de plus en plus nombreux à se raconter en story, ce nouveau format qui mêle photos, vidéos et textes. Décryptage à l'occasion des troisièmes Rencontres de la vidéo mobile.

C’est le format star du moment. Nées sur Snapchat, puis copiées par Instagram, les Stories -une succession de séquences courtes verticales qui mêlent photos, vidéos et textes- s'imposent comme un mode narratif incontournable sur le numérique pour qui souhaite s’adresser au moins de 25 ans. Comme les marques, les médias l’ont bien compris. «Ça leur permet d’aller conquérir les nouvelles générations avec des formats innovants et interactifs», explique Jonathan Le Borgne, social media manager à Ouest-France, à l’occasion de la 3e édition des Rencontres francophones de la vidéo mobile, organisées le 7 février à Paris par Samsa, un organisme de formation sur le numérique.

Les Stories représentent une nouvelle offre

Parmi les médias présentés, le New York Times, qui utilise les Stories pour mettre en avant ses contenus à valeur ajoutée, comme ce reportage sur les conséquences du réchauffement climatique sur le parc de Yellowstone. Ou encore le quotidien brésilien O Globo, qui a rassemblé dans une Story les images envoyées par les internautes sur la rupture du barrage de Brumadinho. Le Financial Times a, lui, proposé en Story un quiz sur l’actualité de 2018, tandis que Al Jazeera English s'appuie sur ce format pour demander à ses lecteurs les sujets qu’ils voudraient voir traités. «Les Stories représentent une nouvelle offre. Sur les réseaux sociaux, nous sommes passés d’un modèle fondé sur le partage à des choses centrées sur l’engagement et l’écoute des audiences», observe Jonathan Le Borgne.

Un mode narratif propre

France Télévisions fait partie des médias à la pointe sur ce nouveau format. Rédacteur en chef à Franceinfo, Julien Pain y décline par exemple les grands reportages qu’il fait pour la chaîne. «Sur les Rohingyas par exemple, j’ai fait en plus de mon reportage télé au Bengladesh une Story spécifique sur Shahida, une fillette rohingya de 10 ans», raconte-t-il.

Contrairement à un reportage classique, l’image y est plus immersive, format vertical oblige, le ton plus direct et le public plus actif puisqu’il peut, d’un tapement du pouce, passer à la séquence suivante ou envoyer ses commentaires. «C’est un mode narratif vraiment différent, avec un temps de lecture que le mobinaute maîtrise. Sur une vidéo classique, personne ne revient en arrière», ajoute Stéphane Saulnier, rédacteur en chef de FigStory au Figaro. Il y a un an, le quotidien a lancé ses propres Stories, diffusées non pas sur Instagram mais au sein de son appli mobile, même si depuis certaines sont exportées sur les plateformes sociales. Une fois par semaine par exemple, la Story «De vous à moi» livre le point de vue d’un journaliste de la rédaction sur un sujet d’actualité, comme l’ISF ou le food bashing. Audience moyenne: 60000 vues.

Les Stories du service sport de France Télévisions, comme lors du Tournoi des Six Nations, totalisent quant à elles de 10000 à 20000 vues, avec toutes les trois séquences une publicité. «Nous avons accepté le principe que les Stories puissent servir de support publicitaire», raconte David Botbol, directeur adjoint de la rédaction des sports. Car les Stories, ce n'est pas qu'une love affair : c’est aussi une histoire de business.

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