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Le très complexe processus du Brexit a plongé les chaînes basées au Royaume-Uni dans une grande incertitude. Pour près de la moitié d’entre elles, installer une antenne administrative ou technique en Europe pourrait devenir vital.

Les plus grands doutes existent sur la suite du processus du Brexit. Et cela pèse de plus en plus sur la confiance des chaînes établies au Royaume-Uni, qui pourraient perdre leur licence globale de diffusion dans l’Union européenne [UE] si aucune solution politique n’est trouvée d’ici le 29 mars.
Le Royaume-Uni et l’UE ont en effet conclu un accord à la fin du mois de novembre qui a été rejeté depuis par les députés britanniques. Même s'il avait été accepté ou qu'il servait de base à de nouvelles discussions, les éditeurs de chaînes auraient encore de quoi s'inquiéter. Car cet accord mort-né ne prévoyait pas de deals commerciaux sur l’audiovisuel. À la mi-janvier, Emmanuel Macron a indiqué à Downing Street que la branche y échappait, au nom de l’exception culturelle.
Reste la possibilité du second référendum, mais là aussi les patrons de chaînes resteront dans l’incertitude un long moment. Le Brexit menace donc les quelque 500 chaînes qui diffusent principalement vers l’UE, et dont le chiffre d’affaires dépasse le milliard d’euros.

L'inconnu de la VOD

Le CEO de la BBC, Tony Hall, a déjà commencé à chercher un point d’ancrage pour continuer à bénéficier de l'accès au marché européen. Devant le Parlement, il a confirmé des discussions préliminaires avec la Belgique et les Pays-Bas, des pays où la BBC a déjà des bureaux. « Aucune décision n'a été prise, nous attendons de voir ce qui va se passer dans les prochains mois. Nous n'aurons peut-être pas besoin de faire cela, et je l'espère, car il est beaucoup plus simple de diriger les choses depuis ici (Londres) ». D’autres grands groupes ont engagé des démarches. Selon Bloomberg, Discovery s’est dirigé vers les Pays-Bas, Turner Broadcasting System vers l’Allemagne. NBC Universal cherche aussi à assurer ses arrières. 21st Century Fox et Disney pourraient suivre.
Cette obligation de licence, qui est inscrite dans la directive européenne sur les services médias audiovisuels [SMA], est assez comparable au passeport financier, qui permet aux banques et établissements financiers d’opérer dans l’ensemble de l’UE via un seul établissement, souvent établi au Luxembourg ou à Dublin, où la taxation est très favorable.
Le cas de l’audiovisuel diffère légèrement puisque les licences sont délivrées par chaque organisme de régulation (le CSA en France), avec des exigences techniques ou éditoriales qui peuvent varier. Même en cas de « saut de falaise » le 29 mars prochain, c’est-à-dire avec un Brexit sans accord et aux conséquences commerciales majeures, les chaînes britanniques ne perdront pas tous leurs droits de diffusion. Elles devraient alors tomber sous le régime de la Convention européenne sur la télévision transfrontière, élaborée à la fin des années 1980 au moment de l’entrée dans les foyers des programmes par satellite. Le Parlement doit encore voter la loi, qui est déjà rédigée, mais qui devra trouver un créneau dans un calendrier surchargé.
Cela ne règlera pas tout, loin s’en faut, puisque sept pays de l’UE n’ont pas signé ou ratifié cette convention. Surtout, elle n’inclut pas la vidéo à la demande, qui est en passe de devenir le nerf de la guerre de l'audience, surtout pour les éditeurs qui diffusent principalement à l’étranger (51 % des chaînes « britanniques »).

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