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Les plateformes sociales ont pris conscience de leur responsabilité, mais les utilisateurs éprouvent encore largement un sentiment d’impunité.

Création de deux centres d’opération régionaux à Dublin et Singapour en prévision des prochaines élections européennes, transparence sur les publicités politiques, lutte contre les fake news avec le retrait ou la réduction de visibilité des contenus problématiques, guerre contre les discours de haine et le cyberharcèlement via la mise en place d’un groupe de travail avec le gouvernement français. S’il l’on en croit la liste d’actions communiquée par Facebook, la plateforme met tout en œuvre pour assainir ses contenus. Elle supprimerait même chaque jour un million de faux comptes, « généralement des sources de fausses informations ou de contenus qui violent nos community standards », dit-elle. 

Jack Dorsey, le patron de Twitter, ne semble pas non plus ménager ses efforts pour lutter contre les contenus indésirables qui pullulent sur le réseau social. Une conversation plus saine y est « un vecteur de croissance sur le long terme », affirmait-il récemment. Quant à YouTube, la plateforme de Google, elle a assuré en février dernier avoir retiré des millions de commentaires et supprimé des comptes visiblement utilisés par des pédophiles pour se transmettre des vidéos, à la suite de révélations d’un blogueur.

Un travail à faire dès aujourd’hui

La prise de conscience est indéniable, note Guilhem Fouetillou, cofondateur de Linkfluence, un des leaders du social listening. « Cela fait deux ans que les plateformes se rendent compte qu’elles ont plus à perdre à continuer à se voiler la face, et à juste soigner les chiffres qui font plaisir aux analystes, qu’à commencer à travailler sur ce sujet et à être dans la logique de se dire qu’il vaut mieux le faire maintenant, parce que plus ce sera tard, plus ce sera douloureux », analyse-t-il. 

Avocate au barreau de Paris, Valérie Dahan rappelle que les hébergeurs ne peuvent toutefois pas être directement considérés comme responsables des propos tenus sur leurs plateformes, n’exerçant pas de contrôle a priori. Mais leur responsabilité peut être mise en cause s’ils ne retirent pas « promptement », comme le dit la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN), les contenus injurieux ou diffamatoires. Cette spécialiste salue une évolution des plateformes, « sinon vers plus de responsabilité, au moins vers plus de loyauté et de transparence »

Planneur stratégique à l’agence digitale Braaxe, Thomas Michonneau estime de son côté que la solution doit venir des utilisateurs. « Le rempart, ce ne sont pas les États ou les plateformes, mais les individus eux-mêmes qui doivent s’organiser pour lutter collectivement contre les fake news », estime-t-il. Selon un sondage Ifop pour Havas Paris et August Debouzy réalisé en janvier, un Français sur trois considère qu’il n’y a aucune règle à respecter lorsqu’il s’exprime sur les réseaux sociaux, et donc que la liberté d’expression y serait sans limites. Cela montre « la méconnaissance du droit et des règles juridiques d’expression en ligne, avec un sentiment d’impunité et celui que les réseaux sociaux constituent un régime à part », souligne David Nguyen, directeur conseil à l’Ifop.

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