Lorsque Le Monde a traité l’affaire #MeTooPub et le harcèlement dans la publicité, il a dévoilé les noms et prénoms des personnes incriminées. Lorsqu’il a évoqué le cas d’un journaliste de sa propre rédaction, contre lequel huit femmes avaient porté plainte, le média s’est tu sur le patronyme du coupable. Idem lorsqu’il a repris la récente affaire de harcèlement à Franceinfo. Tous les médias, d’ailleurs, ont gardé le silence sur les protagonistes : que ce soit le coupable renvoyé et les deux supérieurs mis à pied. Aucun nom. De quoi ce « aucun nom » est-il le nom ? Certains diront sûrement que les médias, quand il s’agit de leurs confrères, savent faire montre d’un traitement particulier. La Ligue du LOL ? Les noms étaient déjà sortis sur les réseaux sociaux. La « préférence de caste » serait-elle alors une réalité ? Une autre grille de lecture peut aussi être avancée : toutes les personnes dont les noms sortent n’ont pas encore été, au moment où l’affaire éclate, sanctionnées. Et c’est justement en sortant le nom que la sentence a lieu. Le nom de la « justice ». Le nom de la condamnation. Le nom aussi, pour les victimes, de la reconnaissance des faits.