Presse
Catherine Sinet et une sacrée bande de journalistes lancent « Siné Madame », mensuel sociétal et satirique fait par des femmes. Une première mondiale. Reportage.

Ce pourrait être un petit camp retranché, près de Bastille, bordé d'une cour pavée que l’on croirait inchangée depuis le Front Populaire. Au premier étage, une salle de rédaction comme tant d’autres. Sauf qu’autour de la table, il n’y a que des femmes. Des journalistes aguerries comme Véronique Brocard, ex de Libération et de Télérama promue rédactrice en chef de Siné Madame. « Je suis surtout la casse-pied qui réclame les papiers en temps et en heure, balance-t-elle. Parce qu’en vrai, c’est une histoire collégiale ». Quels que soient les profils, ici, on a de la personnalité mais surtout de l'humour. Comme Charline Vanhoenacker et Juliette Arnaud, de l’émission Par Jupiter de France Inter, chroniqueuses dans le mensuel. Comme l’humoriste Constance ou Isabelle Alonso, ex-chienne de garde et longtemps pilier des émissions de Laurent Ruquier. Ou comme la comédienne Serena Reinaldi, femme de Christophe Alévêque et ravie d’être « de cette aventure magique de création pure et satirique ».

Ragazza Pop 

C'est Catherine Sinet, veuve de Siné, qui les a réunies pour faire ce mensuel qu'elle définit comme « Un journal satirique, sociétal... et si vous pouviez écrire “drôle”. Parce que si on ne le fait pas dans la dérision et dans la rigolade, on est mort. Et on est aussi là pour se moquer de nous. »

Se définissent-elles comme féministes ? La question vaut débat. « Humoristes, féministes... mais pas casse-couilles » tranche la patronne que son mari avait propulsé en arbitre du visuel de couverture de Siné Mensuel, quand l'équipe de direction hésitait entre plusieurs dessins. Depuis la mort du fondateur, en 2016, et malgré un léger bizutage, elle continue de faire tourner la boutique. Siné Mensuel se vend à raison de 15 000 à 20 000 exemplaires. Il faut dire que Catherine Sinet en connaît un rayon côté presse. Elle a publié son premier journal pour les filles... en 1965, en Italie. Elle avait 23 ans. « Ça s'appelait Ragazza Pop et ça a fait un carton : on en vendait 100 000 exemplaires. Mais notre directrice a tout claqué en robes Courrèges. On a dû mettre la clé sous la porte. » Pour Siné Madame, elle n'a pas fait de business plan mais raisonne avec prudence. « On n'a pas de pub mais on paie tout le monde et au même et tarif. On s'est installées dans les locaux de Siné. J'ai investi 4 000 à 5 000 euros. Notre imprimeur, qui nous suit depuis cinquante ans, je le payerai si on gagne de l'argent. Il est Ok. »

Partie de plaisir

Tiré à 90 000 exemplaires, le premier numéro vendu 2,30 euros vise les 50 000 exemplaies « On a fixé le prix de l’abonnement hier. Mais on ne sait même pas si l’on fera 8 ou 16 pages. Alors je suis partie sur 25 euros et on a déjà 50 abonnés en une journée » s'amuse cette grande blonde, ex-coordinatrice du Droit de réponse de Michel Polac. Elle peine à dénicher des dessinatrices, peu nombreuses en France. Mais pour le reste, trouver enquêtes, chiffres, brèves, interviews, chroniques qui pulsent, ressemble à une partie de plaisir à l'entendre. « Après un sujet sur le clitoris, dont 75 % des femmes ignorent le fonctionnement, on veut s'intéresser au plaisir masculin, renchérit la rédactrice en chef. Dans le numéro 2, on aura un homme très connu qui nous parlera de son évolution, du machisme au féminisme ». Tout est possible.





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