International
Reporters sans frontières a alerté la communauté internationale, jeudi 18 avril, contre un discours agressif, porté à l'encontre des journalistes par les partisans de Jair Bolsonaro, le nouveau chef de l'Etat brésilien.

Un « climat extrêmement préoccupant »pèse sur la liberté de la presse au Brésil sous la présidence de Jair Bolsonaro, a déclaré jeudi à l'AFP Emmanuel Colombié, directeur de Reporters Sans Frontières (RSF) pour l'Amérique Latine.

 

« On a pu observer dès 2018 à l'occasion de la campagne électorale un discours agressif envers les journalistes de la part de Bolsonaro », a-t-il expliqué, à l'occasion de la présentation du rapport annuel de RSF à Rio de Janeiro. « Les préoccupations qu'on avait en 2018 se sont confirmées en 2019, parce que le pays est extrêmement polarisé, coupé en deux. Les prises de position publiques de Bolsonaro et de son gouvernement contre les journalistes sont extrêmement graves », a-t-il souligné.

 

Infox sur les réseaux sociaux

La campagne électorale de 2018 s'est déroulée dans un climat délétère, avec une diffusion massive de fausses informations sur les réseaux sociaux et des attaques répétées envers les journalistes, qui se sont perpétuées après la prise de fonction du président d'extrême droite, en janvier. « Une méfiance généralisée a été distillée au plus haut niveau de l'Etat et les sympathisants du gouvernement n'ont plus peur - sur les réseaux sociaux notamment - de s'attaquer aux journalistes, de les insulter, les diffamer, les menacer de mort, voire même d'organiser des actions violentes, notamment lors de manifestations », a affirmé Emmanuel Colombié.



« Certains se disent: 'Vous êtes journalistes, donc vous êtes contre Bolsonaro, donc je vais vous jeter des pierres'. Ce climat est extrêmement préoccupant » , a-t-il déploré. Très actif sur les réseaux sociaux, Jair Bolsonaro préfère souvent faire des annonces sur Twitter pour éviter le contact direct avec les journalistes. « Le gouvernement et le président Bolsonaro ont tendance à court-circuiter les médias, ce qui augmente encore plus le climat de défiance. Ses supporters sont extrêmement organisés sur les réseaux sociaux. On peut voir des campagnes massives de lynchage digital absolument saisissantes », a expliqué le responsable de RSF.

 

Attaques et menaces

« À travers Twitter, il tente de discréditer les critiques de son administration. Il le fait avec une liberté totale, avec la plupart du temps des insultes, des attaques, qui ensuite se transforment en menaces de la part d'autres personnes », a-t-il conclu. Jeudi, le président Bolsonaro a néanmoins tenu à mettre en valeur l'importance de la presse lors d'une cérémonie militaire à Sao Paulo.



« Chers membres des médias, malgré les quelques incidents qu'il y a eu entre nous, nous avons besoin de vous pour que la flamme de la démocratie ne s'éteigne pas », a déclaré le chef de l'Etat, célèbre pour ses prises de position controversées en défense de la dictature militaire (1964-1985).

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