Télévision
La direction de France Télévisions est parvenue à un accord avec la CGT, la CFDT et FO afin de réduire ses effectifs de 900 postes d’ici 2022. À quel prix ?

À la direction de France Télévisions et à la CGT, premier syndicat du groupe avec 40,5 % des voix, on parle désormais la même langue. « Une approche pragmatique qui s’oppose à une vision dogmatique », résume Marc Chauvelot, secrétaire général du SNRT-CGT, à propos de « l’accord cadre sur le déploiement du projet d’entreprise », conclu le 9 mai pour la gestion prévisionnelle des emplois d’ici 2022. « Le juge de paix, c’est la réalité du terrain, complète Arnaud Lesaunier, directeur général délégué RH. On n’est pas sur un périmètre large où, par dogmatisme, on décrète ce que doit être France Télévisions. Les réponses peuvent être différentes suivant les situations. »

Raisonner sur des finalités

À la suppression de 900 emplois nets, passant par 2000 départs et 1100 embauches, s’est en effet substitué un accord incluant également la CFDT (23,5 % des voix) et FO (19,6 %). L’idée ? Jouer sur le dialogue social pour conduire la transformation de l’entreprise. Au lieu d’un chiffrage implacable et mécanique qu’aurait entraîné une rupture conventionnelle collective (RCC), les trois syndicats font valoir qu’ils ont obtenu de « raisonner sur des finalités plutôt que sur des moyens ». Sur six grands chantiers que sont l’information, la régionalisation des antennes, l’évolution des fonctions supports, le renforcement de l’innovation technologique et enfin la production des contenus outre-mer ou innovants, il sera discuté s’il y a lieu de supprimer des postes ou au contraire d’en créer suivant les perspectives de développement. « Au fur et à mesure des projets, on questionne l’organisation », souligne le DRH, avec trois cas de figure : le remplacement, le redéploiement et la suppression du poste. Avec la possibilité de ne pas supprimer l’emploi mais de le mettre en « réserve », le temps d’arbitrer. La CGT estime ainsi que c’est son contre-projet qui a été ainsi repris. La méthode a déjà servi, selon elle, lorsque France 3 est passée de 24 antennes à 13 régions et 4 pôles. Justement, la chaîne doit maintenant rapprocher ses stations régionales des France Bleu... En outre, le syndicat salue un plan de formation de 12 millions d’euros et un investissement de 120 millions dans le numérique.

« Une RCC qui ne dit pas son nom »

Pour le Syndicat national des journalistes, cet accord n’en reste pas moins une « RCC qui ne dit pas son nom ». Certes, les trois syndicats ont obtenu que soit marqué noir sur blanc qu’ils contestent les 2000 départs et qu’ils démontreront qu’ils ne peuvent être atteints. Mais, rappelle le SNJ, les 900 suppressions nettes restent au menu. Tout comme une réduction de la masse salariale d’une centaine de millions d’euros. « C’est bien une RCC avec le même article de loi (L 1237-19) et c’est une confirmation de la cogestion », pointe Raoul Advocat, délégué SNJ. Le syndicat a proposé que les remplacements soient presque tous assurés les deux premières années et qu’un point soit fait à mi-parcours pour déterminer les besoins. Pour lui, il faut embaucher des jeunes, ce qui entraînera une économie sur la masse salariale, et des reporters de terrain au lieu de renforcer l’encadrement. « Ce n’est pas toujours vrai qu’un jeune est moins cher sur des profils numériques un peu rares », prévient Arnaud Lesaunier. Mais qu’un reporter coûte moins cher qu’un directeur est difficilement contestable…

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