Télévision
Pour son 2000ème numéro, Stratégies a demandé à des personnalités d'évoquer les émissions du paysage audiovisuel français qui les ont le plus marqués depuis la création du magazine en 1971.

David Pujadas

Présentateur de 24h Pujadas, l'info en questions sur LCI



Droit de réponse

Ma réponse n'est sûrement pas très originale mais à mes yeux, l'émission emblématique de la télévision reste «Droit de réponse (1981-1987 sur TF1). Je rêve de la refaire un jour. J'adorais ce ton, fait d'un mélange passionnant de sérieux dans les enquêtes et d'émission où il pouvait se passer beaucoup de choses... mais pas n'importe quoi quand même. Car si on se souvient de jets de verres, cela restait largement marginal. C'était avant tout une émission de débats, vifs mais argumentés avec une grande liberté de ton. On y entendant des avis que l'on n'entendait pas ailleurs, souvent très tranchés. C'était un espace d'échanges passionnants sur des sujets de société qui avait droit de cité. Les avis étaient tous bons à entendre et en même temps, ils étaient recadrés sérieusement sur les faits.

 

Léa Salamé 

Coanimatrice de la matinale de France Inter et présentatrice du magazine Stupéfiant sur France 2



Rive droite, rive gauche

Ce doit être les émissions que l'on regardait pendant sa vingtaine qui nous ont le plus marqué. Moi, j'adorais «Rive Droite/ Rive gauche» (diffusée de 1997 à 2003 ndlr) sur Paris Première. C'est l'une des émissions qui m'a le plus construite. Je la regardais en rentrant de mes cours de Science Po. Cette quotidienne était dédiée à la culture et présentée par Thierry Ardisson. Elle mêlait débats, interviews et chroniques. Thierry Ardisson y a révélé un nombre de chroniqueurs incroyables parmi lesquels Élisabeth Quin pour le cinéma, Philippe Tesson pour le théâtre, François Simon pour la gastronomie, Hector Obalk pour les arts plastiques ... et le jeune Frédéric Beigbeder pour la littérature. Il venait de la pub. Il avait envie d'être célèbre et avait publié son roman «L'amour dure trois ans». Ensuite, j'ai adoré «Tout le monde en parle». Et à vrai dire, je voulais être Ardisson. Je faisais tout pour ne pas rater ses émissions.

 

Denis Brogniart

Présentateur de Koh Lanta et Ninja Warrior sur TF1



La Carte au trésor

Deux émissions m'ont marqué. D'abord, la première pourrait être l'ancêtre de la télé réalité. C'est «La Course autour du monde» (diffusée de 1976 à 1984 sur Antenne 2 nldr). De jeunes reporters francophones (Canada, Suisse, Belgique, France) partaient autour du monde. Ils se disputaient une victoire à travers des reportages qu'ils tournaient et montaient dans des conditions précaires, aux quatre coins du monde où ils avaient été propulsés la semaine précédente. Si un producteur décidait de la proposer aujourd'hui avec des moyens modernes, je me positionnerais tout de suite pour la présenter. L'autre émission emblématique à mes yeux est «La Chasse au trésor» menée par Philippe de Dieuleveult (présentée de 1981 à 1985 sur Antenne 2 ndlr). Il m'a donné envie de parcourir le monde et de faire ce métier. Il était sportif, en mouvement, et toujours bienveillant avec les candidats.

 

Caroline Roux

Présentatrice de C Dans l'air sur France 5 et intervieweuse politique des Quatre vérités sur France 2

7 sur 7

Mon émission emblématique, c'est «7 sur 7». J'y ai découvert la politique et la chose publique. J'étais fascinée par Anne Sinclair. Elle était aux commandes de ce rendez-vous hebdomadaire du dimanche à 19h, (diffusé de 1987 à 1997 sur TF1 ndlr). C'était l'intervieweuse en majesté, qui intervenait après la diffusion de ce générique si fort, avec une mise en scène dans le face-à-face qui accentuait le côté solennel de ce rendez-vous. Elle y recevait chaque semaine l'invité politique qui était au coeur de l'actualité. Elle était à la fois puissante, féminine et douce tout en faisant preuve d'autorité. J'étais fascinée par le ton si juste qui était le sien, imposant le respect et ses questions posées avec fermeté. J'avais beaucoup d'admiration pour son travail, qui a nourri mon parcours et m'a inspirée. 

 

Stéphane Bern

Animateur de A la Bonne Heure sur RTL et Secrets d'histoire sur France 3

Radioscopie

Je n'ai eu la télévision qu'à 18 ans. C'est donc la radio qui m'a formé. J'étais fan de l'émission de Jacques Chancel «Radioscopie» (diffusée sur France Inter de 1968 à 1983 puis de 1988 à 1990 ndlr). En tant qu'auditeur, on avait l'impression qu'il se créait entre lui et son invité non pas une familiarité mais un lien qui l'amenait à se livrer plus qu'avec n'importe qui d'autre. On se demandait toujours jusqu'au allait aller son questionnement. On savait qu'il reviendrait souvent sur cette question que lui seul pouvait poser : «Et Dieu dans tout ça». Je me souviens aussi que l'émission était diffusée pendant l'heure des devoirs. Je ne pouvais pas toujours l'écouter. Je me suis rattrapée avec la réédition en coffret par l'INA. Son travail m'a vraiment nourri en tant que journaliste. L'autre programme que je ne ratais sous aucun prétexte, quitte à courrir pour ne pas arriver en retard à l'école, c'était «Histoire d'un jour» de Philippe Alfonsi sur Europe 1 de 1973 à 1980. Il y recréait à partir d'archives l'atmosphère particulière d'une journée qui avait marqué l'histoire.

 

Xavier De Moulins

Présentateur du 19.45 et du 66 minutes sur M6

Le Journal télévisé de Yves Mourousi

Lorsque j'étais enfant, il présentait le journal de 13h et il a nourri le jeune rebelle que je commençais à être. Je le suivais avec le regard d'un sociologue en herbe, en étant stupéfait de le voir assis sur son bureau, un téléphone à touche à côté de lui. Il m'a biberonné à l'info. Il avait à la fois une connaissance extrême de ses dossiers, une précision impeccable, un professionnalisme exemplaire et une immense liberté dans ses propos et ses mouvements. Et je remarque qu'aujourdhui, on ne ferait pas le quart de ce qu'il se permettait sans se faire virer. Ou pire, nous n'osons pas le faire car nous sommes nos propres autocenseurs, inquièts des retombées sur les réseaux sociaux et des buzz. J'aurais adoré savoir ce qu'il penserait des réseaux sociaux, notamment, lui dont les nuits était plus belles que ses jours. 

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