Audiovisuel
Choisi par RTL pour succéder à Marc-Olivier Fogiel dans la tranche 18-20h, Thomas Sotto est aussi le joker de Laurent Delahousse sur France 2. Cet accro de l’info qui ne lâche rien poursuit un parcours sans faute. À son image.

Inutile d’arpenter les soirées du microcosme parisien de l'audiovisuel pour espérer l’apercevoir. Thomas Sotto est réfractaire aux mondanités. Il serait même du genre solitaire, tendance associable, s’amuse-t-il sur la terrasse de RTL qui surplombe Paris. Il a passé un mois d'aôut studieux sur France 2 et ne veut pas rater un des rayons du soleil qui illumine la capitale. «Allez-y, posez-moi toutes les questions que vous voulez. C'est trop bon d'être là», plaisante-t-il. Et puis, de quoi aurait-il peur? Il n'a rien à se reprocher. Cet ermite médiatique bénéficie d'une solide cote d'estime. On a plus de chance de l’apercevoir dans les Cyclades grecques où il savoure sa vie de père de famille (il a deux enfants de deux ans et huit ans) ou dans les stades où se produit Roger Federer, qu’il tient pour un génie. Il lui consacrera peut-être un documentaire, un jour. Qui sait. Il s’était même booké un week-end à New York pour assister à la finale de Flushing Meadow, au cas où son champion s'y serait produit. Parce que Thomas Sotto a besoin d’aller au bout de ses passions. Pour ne rien regretter et ne rien lâcher. Jamais.

Bébé BFM

Après avoir hésité avec une carrière de pilote de Formule 1 en primaire, il a voulu devenir journaliste. «Je ne connaissais personne dans le milieu», avoue-t-il. Son père était commerçant, avant de devenir conseiller en vin à Villeneuve-la-Garenne, et sa mère infirmière. Diplôme de l'Institut français de presse en poche, il cherche des stages et s'impose. Ruth Elkrief, présente depuis la création de BFMTV, se souvient de lui. «Sa carrière ne me surprend pas du tout car on voyait bien que c’était le plus brillant des jeunes journalistes de l’antenne. Il a grandi avec nous et chez nous. C’est un vif-argent, toujours en éveil et qui réfléchit très vite.» Hervé Béroud, qui dirige alors la chaine info, partage avec lui un souvenir fort. «Celui d’un samedi soir d’avril 2011. Thomas Sotto m’appelle à minuit pour me dire que Dominique Strauss-Kahn serait mis en examen à New York. On a travaillé toute la nuit ensemble. Dès 5 heures du matin, il a pris l’antenne avec Ruth Elkrief alors que nos confrères ne couvraient pas encore l’événement. Les Français étaient avides d’info et ils ont en partie découvert notre antenne avec cette matinée et cette affaire.» Ce patron de rédaction réputé exigeant se souvient d’un jeune homme «qui voulait toujours partir sur le terrain, innover, délocaliser l’antenne. Il était toujours partant pour en faire plus.»

«Petits rétroviseurs et grands pare-brises»

Nicolas de Tavernost le débauche alors pour présenter Capital sur M6. Il parvient à y faire venir François Hollande, chef de l'État en exercice. Puis Europe 1 l’embauche pour sa matinale. Il y rencontre Nikos Aliagas, qui ne tarit pas d’éloges sur celui avec qui il partage l'amour des îles grecques et une certaine distance sur ce métier: «C’est un garçon droit et réglo. Un bosseur. Pas un intriguant politicard.» Quand on parle à Thomas Sotto de ses quatre années à la tête de la matinale d’Europe 1, dont il a maintenu les audiences à un solide niveau, son regard se voile. Là encore, il ne lâche rien. Et se cache derrière une citation : «Il faut avoir de petits rétroviseurs et de grands pare-brises pour regarder l’avenir.» La blessure d’une éviction brutale et injuste affleure. Mais ses pairs rendent hommage à son travail. Alors que les bruits sur son éviction circulent seulement, Laurent Delahousse, qu’il ne connait pas, lui propose de prendre un café. «J’aimais bien son travail et je voulais le rencontrer pour lui proposer que l’on bosse ensemble. Pourquoi pas dans ma boite de production [qui produit Un jour, un destin], explique l'homme des JT du week-end de France 2. Lorsqu’il est officiellement remercié, Laurent Delahousse lui propose d’être son joker. Même technique d’approche pour Léa Salamé. «Je ne la connaissais pas. Elle m’a proposé de prendre un café avant de me proposer d’être son partenaire dans L’Émission politique 

Sa seule erreur de parcours demeure Complément d’enquête sur France 2 où il succède à Nicolas Poincaré. «La greffe n’a pas pris», concède-t-il, se refusant au moindre détail pour ne pas donner du grain à moudre aux esprits malveillants. Aujourd’hui, accueilli comme l’enfant prodigue revenant au bercail par Nicolas de Tavernost, il apporte son énergie, sa curiosité et sa modernité de ton à l'antenne. Il a déjà renouvelé les intervenants de RTL Soir avec Andréa Bescond à qui on doit le spectacle et le film Les Chatouilles ou Philippe Caverivière, l’un des auteurs de Nicolas Canteloup. «Je suis heureux là où je suis et je veux rester jusqu'à plus soif.» 

Parcours

2 juillet 1973. Naissance.
1995. Dîplomé de l’Institut français de presse. Reporter à RMC.
2000. Accident de scooter qui lui impose deux ans de rééducation.
2005-2011. Intègre BFMTV.
2011-2014. Prend les rênes de Capital (M6).
2013-2017. Anime la matinale d’Europe 1.
2017. Joker de Laurent Delahousse et coanimateur avec Léa Salamé du rendez-vous politique mensuel (France 2).
2019. Remplace Marc-Olivier Fogiel à RTL Soir.

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