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Le banquier d’affaires Matthieu Pigasse, co-actionnaire majoritaire du Monde (le quotidien, Télérama, Courrier International), se dit finalement favorable à un «droit d'agrément» sous conditions.

Matthieu Pigasse s'est déclaré, dans une lettre aux salariés du Monde, favorable sous conditions à un «droit d'agrément» pour un nouvel actionnaire majoritaire, refusant toutefois un «droit de répudiation» qui permettrait aux salariés de le choisir directement. «C'est moi qui ai proposé ce droit d'agrément, j'y suis évidemment favorable. On en discute encore les modalités», a déclaré Matthieu Pigasse à l'AFP.

Face aux inquiétudes sur l'indépendance du journal, l'investisseur a assuré «solennellement» qu'il resterait l'actionnaire majoritaire de sa part du Monde, qu'il codétient avec l'investisseur tchèque Daniel Kretinsky via la société LNM.

Dans sa lettre au pôle d'indépendance, qui regroupe salariés, journalistes et lecteurs, Matthieu Pigasse refuse cependant que soient ajoutées à ce cadre «déjà sans précédent des clauses telles que le droit d'agrément devienne en réalité un droit de répudiation, et même en pratique une clause d'inaliénabilité». En cas de désaccord sur le nouvel actionnaire majoritaire, le pôle d'indépendance «entend fixer lui-même le prix de revente et passer par un expert indépendant. Ce n'est pas possible», a souligné Matthieu Pigasse.

«Il y a eu un peu de malveillance»

Les journalistes du groupe Le Monde (le quotidien, Télérama, Courrier International) avaient fait part de leur inquiétude dans une tribune face à une éventuelle prise de contrôle du Monde par Daniel Kretinsky, soutenus vendredi par quelque 500 personnalités. Les discussions pourraient reprendre en début de semaine.

Pigasse et Kretinsky devraient boucler d'ici la fin de l'année le rachat des parts du groupe espagnol Prisa, montant à 46% du capital de LML, la société qui contrôle 75% du capital du quotidien. Si ce mouvement est surtout symbolique, car il ne changerait pas leur pouvoir économique du fait du statut de LML, il romprait l'équilibre qui prévalait depuis la recapitalisation en 2010 par le trio Xavier Niel-Pierre Bergé-Matthieu Pigasse.

«Je n'ai ni l'intention et ni l'objectif de céder le contrôle de LNM et le cocontrôle du Monde», a déclaré Matthieu Pigasse samedi. «Le nouvel actionnaire est minoritaire et passif. Il a les droits d'un minoritaire, ni plus ni moins». «Il y a eu un peu de malveillance, avec parfois un délit de sale gueule, et une forme d'instrumentalisation du débat», a dénoncé l'investisseur.

 

À lire :
L'appel des journalistes du Monde à Kretinsky

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