Audiovisuel
Fictions événementielles, nouveaux divertissements, rendez-vous autour de l’écologie... Les experts médias jugent les grandes nouveautés des chaînes télé pour cette saison.

C’est une rentrée un peu particulière pour les chaînes TV. Alors que la baisse de la durée d’écoute s’est accélérée au premier semestre (-9 minutes au global, -17 minutes chez les 15-34 ans) et à quelques mois de l’arrivée de nouveaux géants de la SVOD (Disney+, Apple TV+, HBO Max), elles se doivent de créer l’événement pour attirer les téléspectateurs devant le petit écran. Revue de détail des principales nouveautés avec six experts médias.

  • La fiction française dans le fait divers

Cette saison encore, la fiction française est un axe fort. Parmi les rendez-vous attendus sur France Télévisions, La Dernière Vague (France 2), une série d’anticipation sur fond de problématique écologique, ou encore Laëtitia (France 3), une mini-série qui revient sur l’assassinat de cette jeune fille de 18 ans à Pornic en 2011, d'après le livre d'Ivan Jablonka. «Le fait divers fonctionne toujours bien, en fiction comme en documentaire. Sont souvent traités des faits divers hypermédiatisés, le public en a déjà entendu parler», souligne Nicolas Jaubert, head of multiscreen chez Mediacom (GroupM). Rien de surprenant à ce que l’affaire Dupont de Ligonnès - ce Nantais soupçonné d’avoir tué toute sa famille avant de disparaître - fasse l’objet de deux fictions cette saison : une série sur M6, Un Homme ordinaire, et un unitaire sur TF1, La Part du soupçon, avec Kad Merad. Les sujets sociétaux ne sont pas en reste, avec notamment La Maladroite (France 2), sur la maltraitance des enfants, Le Premier oublié (TF1), sur la maladie d’Alzheimer, ou encore le projet d’adaptation par France Télévisions du livre de Marc-Olivier Fogiel sur la GPA. Autre rendez-vous très attendu, la série Le Bazar de la charité, produite par TF1 et Netflix, et diffusée en fin d’année. «Comme pour les films de cinéma, TF1 fait une tournée en région avec la diffusion en avant-première de deux épisodes, pour donner envie aux gens de voir la suite», explique Emmanuel Sarfati, directeur média TV chez OMD. « Le Bazar de la charité, c’est une fiction parmi tant d’autres », tempère Marlène Auvieux, directrice du département TV de Repeat Groupe.

  • Le divertissement se réinvente

En plus de nouvelles saisons pour leurs programmes stars, de The Voice à Top Chef, les chaînes testeront cette saison encore de nouveaux concepts, souvent adaptés de formats qui ont déjà fait leur preuve à l’étranger. C’est le cas de Mask Singer, adapté d’une émission à succès sud-coréenne et qui devrait arriver sur TF1 fin novembre. Si TF1 annonce «un très grand format TV comme on n’en a pas eu depuis une dizaine d’année» (lire Stratégies n°2004), les experts médias sont partagés. «Le télé-crochet a eu ses heures de gloire, je ne suis pas sûr qu’on soit encore dans cette mouvance», estime Céline Baumann, directrice de l’audiovisuel et du trading chez IPG Mediabrands. «Le concept assez prometteur permet de bien renouveler la case du samedi soir. Je pense qu’il y aura un très bel effet de curiosité sur les premiers primes, à voir si le programme ne va pas s’essouffler», ajoute Julien Levy, trading manager chez GroupM. «En tant que publicitaires, nous limitons la prise de risque en nous positionnant sur le premier ou le deuxième numéro», renchérit Marlène Auvieux. Un lancement qui n’est pas sans rappeler celui de Rising Star en 2014 sur M6, qui, faute d’audience, a été écourté de plusieurs semaines. «Ce n’est pas parce qu’un programme marche à l’étranger que ça fonctionne en France», insiste Muriel René, directrice média achat TV chez Re-Mind PHD. De son côté, M6 a confié à Julien Courbet l’adaptation française de Dragons’ Den, programme dans lequel des entrepreneurs en devenir viennent pitcher leur idée devant un jury d’experts (Marc Simoncini, Frédéric Mazzella…). «Dans la veine d’une émission comme Mon invention vaut de l’or, Dragons’ Den devrait attirer un public plus jeune et actif», estime Marlène Auvieux. «C’est un vrai risque de la part de M6», modère Nicolas Jaubert, qui rappelle la déprogrammation opérée par la chaîne en 2015 de The Apprentice sur une thématique similaire. Autre nouveauté chez M6, La Meilleure offre, dans laquelle Stéphane Plaza et Julien Courbet aideront une famille à vendre rapidement leur maison. «C’est une thématique vue et revue, même si c’est un thème qu’on ne retrouve pas ailleurs que sur M6», relève Muriel René.

  • La télé verdit sa grille

Signe que les préoccupations environnementales gagnent du terrain, les chaînes ont annoncé plusieurs initiatives cette saison. France 2 a confié à Hugo Clément une série de quatre primes autour de l’environnement, Sur le front, en plus d’une soirée événementielle, 10 défis pour la planète, avec la participation de Nicolas Hulot. M6 diffusera aussi le nouveau documentaire de Yann Arthus-Bertrand, Legacy, tandis que W9 consacrera au climat le premier numéro de sa nouvelle série documentaire 2050. «Il y a toujours eu des émissions consacrées à l’environnement. C’est moins une vraie nouveauté qu’un effet d’annonce», insiste Julien Levy, chez GroupM. «France Télévisions comme M6 veulent amorcer le changement, changer les comportements», avance Céline Baumann, d'IPG Mediabrands.

  • La nouvelle vie des programmes historiques

Retour de Jeux sans frontières sur France 2 avec Nagui aux commandes, déclinaison de Fort Boyard autour des fêtes de fin d’année avec Boyard Land, prolongation de L’Amour est dans le pré en deuxième partie de soirée avec L’Amour vu du pré… Cette saison encore, les chaînes ont compris l’intérêt de capitaliser sur des programmes qui ont déjà largement fait leurs preuves. «C’est comme dans la mode, la télévision est un éternel recommencement. Chez M6, la déclinaison des grandes marques programmes est devenue une marque de fabrique», note Marlène Auvieux, chez Repeat Groupe.

  • Le groupe Canal+ cherche les jeunes

C’est la principale nouveauté de la chaîne Canal+ en cette rentrée : l’arrivée de Mouloud Achour avec Clique en quotidienne sur la case 20h-21h. «Le public de Clique n’a rien à voir avec celui de L’Info du vrai, il n’y a pas de cohésion», estime Emmanuel Sarfati. «Le public de Mouloud Achour est plus jeune et aussi plus volatil», ajoute Nicolas Jaubert. Autre nouveauté au sein du groupe Canal+, La Grande Darka, présentée par Cyril Hanouna le samedi sur C8 en remplacement de Salut les Terriens. «Cyril Hanouna fait de l’audience, C8 aurait tort de se priver», estime Julien Levy. Pour sa première émission le 14 septembre, La Grande Darka a rassemblé entre 311 000 et 352 000 téléspectateurs (2,4 et 2,1% de PDA), encore loin des 755 000 téléspectateurs de Thierry Ardisson.

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