Télévision
Le groupe Canal+ conforte son rôle de distributeur de programmes au détriment de son métier historique d'opérateur de télévision payante.

C'est au cours d'un déjeuner de presse réunissant Reed Hastings, le patron fondateur de Netflix, et l'état major de Canal+, au siège de Vivendi, que les deux groupes ont annoncé lundi 16 septembre un partenariat qui prévoit d’associer Netflix aux offres Canal+. À partir du 15 octobre, les abonnés qui souscriront au pack Ciné/Séries de Canal+ auront accès dans un même abonnement, pour le prix de 35 euros par mois (15 euros en plus pour les abonnés à Canal+ à 20 euros par mois), à la chaîne cryptée premium et au service Netflix. Ce nouveau pack exclusif comprendra également plus de vingt chaînes cinéma et séries déjà présentes dans le pack consacré au cinéma et aux séries.
Le pack Ciné/Séries, qui propose les programmes d'OCS ou Fox, compte deux millions d'abonnés. Un million de clients français sont déjà abonnés à Canal+ et à Netflix en parallèle. On y retrouvera, les retransmissions sportives en direct, les films de cinéma récents, les documentaires et les séries de Canal+ à commencer par ses créations originales (Le Bureau des légendes, Engrenages, Guyane, Les Sauvages...). De son côté, Netflix proposera toute l'étendue de ses programmes, notamment les séries mondiales qui ont fait son succès (Casa de Papel, Strangers things, Narcos...), les séries françaises (Family Business, Marseille...) les films, les documentaires, des émissions de divertissement ou des programmes pour enfants.

L'agrégation de contenus avant l'édition

C'est un pilier de Canal+, l'édition de chaînes payantes, qui semble ainsi s'affaiblir au profit du métier «d‘agrégateur de contenus et services», comme le dit Maxime Saada, le président du directoire. Le groupe vient d'ailleurs de renouveler son accord pour distribuer le bouquet OCS dans son offre. Concernant les grands événements sportifs, le groupe Canal + s'apprête à perdre les droits de la Ligue de football à partir de 2020. Un tel accord augure sans doute un accord de distribution avec Mediapro, comme son patron Jaime Roures l'avait laissé entendre il y a un an. Le groupe Canal+ a déjà passé une alliance avec Bein Sports.

«Nous ne voulons pas que le consommateur soit perdu dans un océan de programmes, a souligné Maxime Saada, selon l'AFP. Avec l'arrivée de Disney, Apple ou Amazon, «il y aura beaucoup de plateformes, peut-être trop». Une allusion au lancement des nouvelles offres de streaming vidéo Disney+ et Apple TV qui suivront, dès novembre, Amazon Prime et Netflix. HBO Max, la plateforme de Warner Media, est également attendue prochainement. Mettre à la disposition de ses clients ces offres de contenus sous forme de bundles, telle semble être la nouvelle ambition de Canal+ pour résister au désabonnement. Le groupe de TV payante revendique 20 millions d'abonnés dans le monde, 8 en France avec Canalsat, dont 4,2 millions à Canal+.

Un rôle de distributeur mondial

Les détails financiers de l'opération n'ont pas été révélés et les deux groupes n'ont pas souhaité préciser leurs objectifs. Une telle association entre la plateforme et le groupe de télévision à péage, au budget de programmes dix fois inférieur à son partenaire américain (15 milliards de dollars) a vocation a être étendu aux autres pays où la filiale de Vivendi est présente, à commencer par la Pologne. Elle pourrait également s'étendre au Vietnam, en Afrique et aux trois millions d'abonnés de M7, l'offre de distribution de chaînes comme Disney, HBO ou Eurosport qui est commercialisée au Benelux et en Europe centrale. Ce distributeur a été racheté récemment pour plus d'1 milliard d'euros.
Les abonnés Canal+ qui souscrivent déjà à Netflix auront la possibilité de s’abonner au nouveau pack et de profiter de l’ensemble des services vidéo dans un même abonnement, selon un communiqué. «La compétition est de plus en plus forte sur la vidéo à la demande », a souligné Reed Hastings, cité par l'AFP. «Nous étions jusqu'ici très hésitants quant à l'intégration de notre application, c'était un risque pour notre image de marque. Mais on gagne en confiance en grandissant, et nous voulons rendre les choses plus simples pour les gens».

Netflix, qui compte près de six millions d'abonnés en France, a commencé ces derniers mois à nouer des alliances à travers le monde avec des distributeurs, Comcast aux États-Unis, Sky en Allemagne et au Royaume-Uni, ou Movistar en Espagne. Le groupe est chahuté en Bourse pour ne pas avoir atteint ses objectifs de croissance, malgré plus de 150 millions d'abonnés dans le monde.

À noter qu'à la demande de Netflix, seuls les journalistes de cinq quotidiens parisiens et de deux agences de presse avait été conviés au déjeuner de presse. Ni les magazines ni les journaux spécialisés n'étaient conviés.

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