SVOD
La plateforme mondiale de streaming a conclu un accord de distribution de son offre sur Canal +. L’éditeur français de TV payante est de plus en plus un simple distributeur de contenus.

Ce n’est sans doute pas un hasard si l’accord conclu à Paris le 17 septembre entre Reed Hastings, le patron cofondateur de Netflix, et Canal + est intervenu en même temps qu’un plan de départs volontaires dans la chaîne cryptée, portant sur près de 500 emplois, et le jour même de la signature du rachat de M7, cet opérateur distribuant de la TV payante dans huit pays européens. La distribution semble être le nouveau mot fétiche du groupe présidé par Maxime Saada qui se veut «agile et efficace» face à l’intégration verticale des plateformes américaines. Après Netflix et Amazon, l’arrivée prochaine dans la SVOD de Disney – avec la 21st Century Fox –, d’Apple TV +, au budget de 6 milliards de dollars, de WarnerMedia – avec HBO Max – ou de NBC Universal attestent d’une nouvelle ère de foisonnement de programmes à la demande. 

Un pack à 15 euros par mois

Canal +, qui annonce pour 2020 douze séries originales (Les Sauvages…), soit le double de 2015, continue de s’appuyer sur son pilier historique d’éditeur de TV payante. Mais c’est surtout le métier d’«agrégateur de contenus et services» qui représente désormais son avenir. «Les mois qui viennent de s’écouler nous montrent qu’il y a un rebond de la distribution, observait Maxime Saada le 13 septembre, à La Rochelle. Les ayants droit ont la volonté de créer leur plateforme pour aller directement chez le consommateur, comme on le voit avec Disney et Universal. Mais il y a aussi un développement de la production pour alimenter ces plateformes.»

Face à Netflix, au budget de programmes de 15 milliards de dollars, dix fois supérieur au sien, le groupe sait qu’il ne peut tenir plus longtemps son bras de fer. Malgré ses déconvenues en Bourse, liés à des retards de croissance, le leader du streaming vidéo compte plus de 6 millions d’abonnés en France. «Après avoir conquis le marché en OTT, Netflix sait qu’il lui faut signer avec des gens capables de distribuer, comme Sky au Royaume-Uni ou Comcast aux États-Unis, observe Pascal Lechevallier, qui réalise une veille du secteur sur Digital Home Revolution (ZDnet). Avec cet accord, le distributeur élargit son offre mais le distribué élargit son potentiel de clients.»

Le pari de Maxime Saada est de jouer sa partition en s’insérant dans la réalité du marché mondial. Il préjuge que le consommateur appréciera de retrouver Netflix sous forme de bundle pour 15 euros de plus par rapport aux 20 euros du pack Ciné/Séries, qui comprend également OCS ou Disney-Fox, plutôt que de passer d’appli en appli pour retrouver ses programmes au prix fort («50 à 70 euros» si l’on additionne toutes les offres). Encore faut-il que cette proposition soit perçue comme alléchante par des abonnés qui découvriront alors la richesse du catalogue de Netflix, dont l’offre sans engagement est à 8 euros par mois. Sans compter que, comme le rappelle Pascal Lechevallier, les gens qui s’équipent en téléviseurs 4K à 500 euros peuvent s’abonner en direct via la Smart TV. Mais l’accord, qui fait de Canal d’abord un distributeur – au-delà de Canalsat –,  augure probablement de nouveaux partenariats avec Amazon, Apple et sans doute Mediapro pour la diffusion de la Ligue 1 à partir de 2020. 

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