Presse
La directrice de la version week-end de La Croix, Anne Ponce a peaufiné son projet pendant deux ans. Portrait d’une discrète déterminée.

Elle ne porte pas l’ombre d’un bijou. Seuls son alliance et ses yeux brillent. Sobre et sans esbrouffe. La directrice de La Croix l’Hebdo, le nouveau magazine de fin de semaine de Bayard, se reproche d'ailleurs de ne pas se donner assez de visibilité à une époque où un journal doit être incarné. Elle va devoir s'y résoudre. Après dix numéros 0 et deux ans de réflexion, le journal sort le 4 octobre à 500 000 exemplaires pour le premier numéro, dont 300 000 gratuits. Envoyé aux abonnés dès le vendredi et vendu en kiosques à 3,80 euros, ce magazine privilégie les longs formats avec une enquête sur douze pages («les travailleurs sous cocaïne», dans le numéro 0), une rencontre sur neuf pages et un roman graphique de dix pages. «Nous voulons nous interroger sur notre monde en mutation et la place que le lecteur souhaite y prendre», explique la dirigeante. Citoyenneté, responsabilité et engagement sont des mots clés. Le ton est décontracté et même teinté d'humour.

Bien dans l'open space

Le journal a été testé auprès d'un millier de lecteurs. «Les gens n’ont aucune idée de la façon dont on travaille» note celle qui affiche derrière son bureau les droits et devoirs du journaliste de 1971. Chaque enquête de l’hebdo est précédée d’un «Pourquoi nous l’avons fait», où le journaliste expose sa motivation et la nature de son travail. Tous les journalistes de Bayard sont mis à contribution, via un correspondant dans chaque titre, chargé de centraliser les propositions transmises chaque semaine. L’équipe dédiée qu'Anne Ponce dirige compte 17 personnes dont sept journalistes, tous exclusivement recrutés en interne. Son objectif ? Faire progresser l'édition du week-end de 20 000 exemplaires d'ici trois ans. À ce jour, elle se vend à 4 500 ex. en kiosques auxquels s'ajoutent les 72 000 abonnés dont 6 500 à l'offre «Numérique + édition du week-end».

Face à l’effervescence, Anne Ponce reste impassible. «Plus les gens stressent, plus je suis calme» lâche-t-elle dans la salle de réunion qui a failli être son bureau. La direction lui avait préempté cet espace à partager avec Isabelle de Gaulmyn, la rédactrice en chef du quotidien. Mais l’équipe lui a demandé d’être dans l'open space. Cela l’a touchée, visiblement. Cette Lorraine, fille d'un notaire et d'une institutrice, diplômée du Centre de formation des journalistes et licenciée en théologie, a toujours œuvré pour Bayard : elle a été directrice de la rédaction du Pélerin pendant huit ans. «J’aime que chacun puisse apporter sa singularité, soit audacieux. J’aime les têtes qui dépassent et l’hybridation entre les compétences.» Accro à son métier, elle dévore tout ce qui est publié sur le journalisme. Elle revendique l'éclectisme, lit Marcel Gauchet et assume sa passion pour le FC Metz dont elle suit les matchs sur BeIn Sport et son amour de son jardin de Clamart où elle cultive groseilliers, pommiers et poiriers. Son jardin d'Eden.

Parcours

1988 : Science Po Strabourg, CFJ. Stage à La Croix
1995-1997 : Journaliste à Okapi (Bayard)
1997-2006 : Rédactrice en chef adjointe de Panorama (Bayard)
2006-2017 : Rédactrice en chef puis directrice de la rédaction du Pèlerin (Bayard)
Depuis 2017 : Préparation de La Croix L’hebdo, dont elle est directrice de la rédaction

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