L'actu vue par...
Marwane Ben Yahmed, directeur de la publication Jeune Afrique, nous livre son point de vue sur l'actualité.

Facebook démantèle une opération de désinformation russe en Afrique.

C'est l'expression négative du soft power utilisé par Moscou pour parvenir à ses fins alors que le sommet Russie Afrique se tenait à Sotchi le 23 octobre. Vladimir Poutine veut accroître son influence dans une partie de l'Afrique francophone : Côte d'Ivoire, République démocratique du Congo, Madagascar, Centrafrique, Cameroun, Mozambique ou Soudan. On peut cependant se réjouir de la réactivité et de la vigilance grandissante de Facebook dans des cas d'infox d'une telle ampleur. 

 

Twitter rompt avec la publicité politique, contrairement à Facebook. 

Cette annonce a été accueillie de manière très contrastée. On ne peut pourtant qu'adhérer au fait que la portée d'un message politique doit se mériter, et non s'acheter. La politique doit échapper à la publicité payante. Payer sans vérification préalable a des conséquences sur nos infrastructures affaiblies, en Europe comme en Afrique. Pour une fois, ce n'est pas le profit qui remporte la mise. 

 

Abiy Ahmed, Premier ministre éthiopien et prix Nobel de la paix.

Le prix Nobel est une consécration hautement symbolique. Elle distingue une personnalité jeune et réformatrice qui œuvre dans un pays qui peinait à s'ouvrir. Il résonne comme celui reçu par Barack Obama en 2009, décerné pour l'inciter à poursuivre dans sa voie alors qu'il doit faire face à de nombreux écueils.

 

Les menaces sur la liberté de la presse en Somalie, où les crimes contre les journalistes sont le moins poursuivis, et une étude de Reporters sans frontières qui stigmatise la censure via les problèmes de diffusion.  

La Somalie est un mauvais élève en la matière et ce n'est pas nouveau. Mais les menaces qui pèsent sur les journalistes n'ont jamais été aussi fortes car la palette des moyens de pression semble s'élargir, de l'indisponibilité en kiosques à l'emprisonnement. Nous connaissons cela en Algérie depuis deux ans, à un moment où le pouvoir est critiqué et où la population s'éveille. Notre quota de diffusion y est passé de 5 000 à 70 exemplaires, sous prétexte que l'Algérie n'a pas assez de devises pour importer davantage de produits. À l'ère du digital, ces décisions sont ridicules. D'ailleurs, nos abonnements y ont augmenté de 30 à 40 %. Nous avions connu autrefois ces soucis avec la Tunisie et lors d'un épisode bref avec le Togo. 

 

Marlène Rabaud, prix Albert Londres pour son film Congo Lucha, (RTBF, BBC et France 2) sur un groupe de jeunes Congolais engagés dans une lutte pacifique pour faire partir le président Kabila.

Il s'agit d'un film d'une très grande qualité. Il se focalise sur la République démocratique du Congo où des personnes issues de la société civile investissent le débat public, sans combat et sans violence, sur des questions politiques (redistribution des richesses), ou sociétales (environnement, sexualité). Ces associations ou formations, présentes dans d'autres pays d'Afrique, émergent car elles ne trouvent pas de réponse dans la classe politique traditionnelle, qu'elle soit issue de la majorité ou de l'opposition.

 

Un nouveau bureau de RFI à Dakar au Sénégal pour réaliser sur place des émissions en mandingue et en peul.

C'est un besoin sain et logique de se rapprocher du terrain. Après avoir ouvert un bureau au Maroc en 2014, nous en ouvrirons un en Côte d'Ivoire l'année prochaine et puis un autre en Afrique centrale. On ne peut pas, depuis Paris, être en phase avec les attentes des lecteurs et les sensibilités locales.

 

La décision du conseil de la Fifa d’organiser la nouvelle formule de la Coupe du monde des clubs en 2021 en juin-juillet aux mêmes dates que la CAN [Coupe d'Afrique des nations].

C'est du grand n'importe quoi. Le paroxysme le plus ridicule du foot business. On multiplie les rencontres pour multiplier les revenus. De grands joueurs comme Sadio Mané ou Mohamed Salah vont devoir être non-stop sur les terrains. 

 

La communauté « tech » choquée par les abus répétés et les « arrestations illégales » commis par les agences de sécurité contre les développeurs web, au Nigeria

Le Nigeria et Lagos sont devenus des pôles de développement tech de premier ordre, y compris en matière de cyberfraudes et d'arnaques avec les gangs baptisés « Yahoo boys ». Les autorités ont raison de les traquer même si ces abus en matière de répression sont à déplorer.

 

L'Afrique vue comme un eldorado des médias avec un projet d'implantation de RT au Maghreb, La Tribune Afrique, Forbes Afrique...

Ce mouvement a commencé début 2010. Les questions qui se posent sont celles des contenus adaptés, de la pérennité des investissements et donc du modèle économique.

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