Talent à suivre
À l'heure actuelle, être journaliste freelance pourrait faire peur. Jennifer Padjemi préfère embrasser cette condition pour traiter de sujets « froids » en lien avec la beauté, le féminisme et les voyages.

« Être pigiste ne doit pas être vu comme une solution de repli, en attendant d’être embauché en rédaction », lance tout de go Jennifer Padjemi. Malgré les on-dit, la journaliste – en freelance depuis un an – arrive à mener sa barque en nouant des relations fidèles avec des magazines tels que Les Inrocks, Glamour, Slate, Vanity Fair, Cheek« Le tout est de s’organiser. Et d’avoir confiance en soi. Lors de la prise de décisions, ça se joue entre toi et ton papier », nuance la journaliste. Le fantasme de la pigiste Carrie Bradshaw n’existe pas. En revanche, elle assure qu’avec ce statut, elle peut plus facilement mêler plaisir et travail. Aller au musée, regarder son fil Instagram, parler avec des « gens » ne la font pas culpabiliser, puisque ce qui l’entoure nourrit ses inspirations et donc ses articles.

Être freelance, c’est aussi aller au-delà des limites qu’on a pu s’imposer. Travailler pour la presse anglo-saxonne, jamais elle n’aurait osé l’imaginer. « Quand j’ai vu mon nom pour la première fois sur un article du Washington Post, je n’y croyais pas, et pourtant… Il ne faut pas se mettre des barrières », assure la journaliste. « J’adore lire la presse, les articles au long cours, particulièrement américaine. Un jour, j’espère écrire de longs papiers et pourquoi pas, des scripts. »

Sans piston

Pour cette journaliste, la chance ne vient pas du hasard. N’ayant pas fait d’écoles de journalisme dites reconnues, et provenant d'une famille spécialisée dans le droit, difficile d’avoir des passe-droits. L’émission On n’est pas couché, Le Figaro, une radio locale de la BBC... Autant de stages décrochés afin de construire sa propre expérience. Son master en info-com à la fac de Nanterre l'a fait rentrer en 2013 chez Madyness en CDD. Elle intègrera par la suite le webzine Buzzfeed jusqu’à sa fermeture, quatre ans plus tard.

Déjà en pourparlers avec Binge Audio à l'époque, elle créé son podcast : « Miroir Miroir ». Un énième podcast sur la beauté et le corps, vraiment ? « La différence vient surtout de la personne qui le présente. Pour chaque sujet, je cherche à aller plus loin. Comme celui qui traite du marché de la dépigmentation de la peau par exemple, en entretien avec Isabelle Mananga Ossey [fondatrice de l’ONG Label Beauté Noire]. C’était la première fois que j’entendais le terme de santé mentale quant à cette problématique. » Dans le reflet de son podcast, on perçoit l’antithèse des magazines féminins. Même si elle ne souhaite plus parler de body-positive, terme has been selon elle. « À partir du moment où les marques les reprennent, c’est un indicateur de la mort d'une expression. » Elle optera pour la « self-acceptance »…

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