Vous êtes ici
La Face cachée du Monde : la presse se fissure
07/03/2003Pierre Péan et Philippe Cohen en sont les premiers surpris : loin de toute omerta,La Face cachée du Mondea fait voler en éclats les règles confraternelles qui régissent les relations entre journaux. Serait-ce la conséquence du Yalta de la presse, intervenu l'été dernier après le rachat deL'Expresspar la Socpresse(Le Figaro)et l'entrée duMondeà 30 % dans les Publications de la vie catholique(Télérama)et à 6 % dansLe Nouvel Observateur ?
Des limites
Si une telle ligne de partage a joué pour la publication des bonnes feuilles du livre dansL'Express,elle a néanmoins montré ses limites. L'animosité personnelle de Denis Jeambar, le patron deL'Express,envers son homologue duMonde,Jean-Marie Colombani, remonte à 1997, lors du rachat raté deL'Express.Le Figaro, lui, s'est gardé d'emboîter le pas àL'Express,pour éviter d'étayer la thèse du complot. Stéphane Denis, éditorialiste et conseiller d'Yves de Chaisemartin, PDG de la Socpresse, a vu l'une de ses chroniques consacrée auMondecensurée sur ordre de son patron. Face à la tempête qui agitait son confrère,Le Figaro,prudent, a fait preuve d'une très grande discrétion :« AprèsL'Express,la direction ne voulait pas donner dans le harcèlement »,explique François Boissarie, délégué SNJ.
De son côté,Téléramaa consacré au livre deux pages de « débats » signées Michel Abescat, chef du service livres.« Le livre n'est ni à brûler ni à aduler »,résume Marc Jézégabel, directeur de la rédaction. Quant auNouvel Obs,il a publié un article d'Airy Routier critique enversLe Monde.La Société des rédacteurs du titre a d'ailleurs estimé que le livre pointait des« points alarmants »,comme le« double langage »,le manque de transparence et des manquements à la déontologie. Une position qui tranche avec celle de la Société des rédacteurs duMondequi a fait savoir qu'elle entendait« solidairement »défendre son honneur.