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MESURER L'IMPACT D'UN DÉMENTI
06/06/2003En gestion de crise, la technique du démenti télévisé est rare. L'intervention de Dominique Baudis au journal télévisé de TF1 le 18 mai est un cas d'école. Jean-Noël Kapferer, professeur à HEC et expert en matière de rumeurs, et Jean-Pierre Piotet, président de l'Observatoire de la réputation et de l'agence Thompson Corp., ont mené avec l'Ifop une enquête sur l'impact d'une telle initiative.
Premier constat : le démenti a multiplié par 9 la connaissance des rumeurs, 7,5 % de la population prétendant connaître les allégations sur cette affaire avant le 18 mai. Quatre jours après la prestation télévisée de Dominique Baudis, 66 % des personnes interrogées déclaraient en être au courant.
L'écho médiatique et la personnalité du président du CSA (82 % des Français déclarent le connaître) expliquent en grande partie l'impact de son intervention. Au moment de l'enquête, les deux tiers des Français avaient retenu le contenu du démenti et un Français sur deux connaissant la rumeur n'y croyait pas.
« Le fait de révéler soi-même l'affaire permet de prendre le leadership de la parole et c'est important car on prend l'initiative de cadrer la lecture publique de l'événement »,explique Jean-Noël Kapferer, qui rappelle le fort capital de sympathie de Dominique Baudis dans l'opinion :« 4 % "d'ennemis", c'est exceptionnel dans la vie publique. »
Toutefois, l'étude révèle que les moins de 35 ans sont deux fois moins nombreux que leurs aînés à connaître la rumeur, mais qu'ils y croient deux fois plus.« Auprès des jeunes,observe Jean-Pierre Piotet,Dominique Baudis bénéficie d'une forte notoriété, mais manque sans doute de contenu d'image. La leçon, c'est qu'un homme public doit accepter un certain niveau de transparence sur sa vie privée, car une trop grande discrétion peut se retourner contre lui. »
Alain Delcayre