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La fin d'un Monde
09/10/2003La « chronique à la mer », ultime papier de Daniel Schneidermann dansLe Mondedu 4 octobre, va-t-elle donner lieu à une tempête dans un verre d'eau ou à un raz de marée ? Le licenciement de ce collaborateur duMondedepuis vingt-cinq ans, accusé par ses employeurs d'une« entreprise de dénigrement »dans son livreLe Cauchemar médiatique(Denoël), suscite des remous internes. La Société des rédacteurs, premier actionnaire du journal, a validé cette décision, mais quatre voix sur douze ont exprimé leur désaccord. Le SNJ et la CFDT sont en outre montés au créneau.« Nous ne sommes pas pour ou contre Daniel Schneidermann,explique Michel Delberghe, délégué CFDT,mais nous considérons que ce précédent crée une forme de délit d'opinion. Le licenciement est la sanction la plus grave à l'égard d'un salarié et cela n'était pas approprié en l'espèce. Cela présente le risque de mettre en émoi la planète journalistique et constitue un message inadéquat envoyé au groupe PVC au moment où s'accélère le processus de fusion. »Pour parer à une remise en cause de sa décision par la profession, la direction duMondea abandonné l'article 3b de la Convention collective des journalistes, qui stipule que la liberté d'opinion est totale« sauf à porter atteinte aux intérêts de l'entreprise ».Formulé oralement comme motif d'éviction, l'article a été retiré de la lettre de licenciement publiée dansLe Mondedu 4 octobre. Et pour cause : son recours imposait la réunion d'une structure de conciliation, la commission paritaire amiable. Or rien ne dit que le manquement à l'article 3b est sanctionné par le licenciement. Le 8 octobre, auMonde,un comité de rédaction était prévu sur« le droit d'expression des journalistes duMonde».