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Jérôme Clément : « Savoir faire face à notre histoire »
17/02/2005Arte a coproduit Le Promeneur du Champ-de-Mars. Son président explique pourquoi.
Qu'est-ce qui vous a donné envie de vous associer à ce film ?
J.C.Nous avons depuis longtemps le désir de mettre en scène la vie politique contemporaine, ce que nous avons déjà fait en coproduisantLes Années Blair[de Peter Kosminsky] et en diffusantLa Bataille d'Alger[de Gillo Pontecorvo].Le Promeneur du Champ-de-Marsétait une nouvelle occasion très intéressante. Et ce n'est qu'un début... Parmi les événements à venir sur Arte figurentL'Affaire Kellyet un projet sur les élites françaises, deux productions signées Peter Kosminsky.
Pourquoi autant de réticences en France à réaliser ce type de fiction ?
J.C.Il y a chez nous un retard certain par rapport aux Britanniques, aux Allemands ou aux Américains. Nous avons beaucoup de difficultés à faire face à notre histoire récente, comme Vichy ou la guerre d'Algérie. Cela semble impensable de mettre en scène, par exemple, l'affrontement Chirac-Balladur ou Mitterrand-Rocard. Les Anglais sont moins frileux, avec des fictions commeThe Deal, diffusée sur Channel 4, qui raconte le face-à-face Tony Blair-Gordon Brown.
Le film a-t-il subi des pressions de la part de l'entourage de François Mitterrand ?
J.C.Ce ne sont pas forcément les plus proches qui se sont manifestés, mais ceux qui s'estiment dépositaires de la mémoire du président et qui craignaient que l'on abîme le personnage. Il y a eu des réactions publiques de la part de certains, notamment Michel Charasse et Pierre Bergé, qui étaient opposés à Georges-Marc Benamou et aussi au fait que l'on interprète Mitterrand. Le film se devait de n'être ni hagiographique ni à charge, mais de montrer avant tout la complexité des personnages et leurs contradictions.Entretien : E.B.