Si vous prêtez l’oreille dans l'open space, vous l’entendrez sans doute. Ces dernières années, le langage Biz-ounours s’est imposé dans les bureaux, en entretien d’embauche ou dans la communication employeur. Cette sorte d’esperanto professionnel se compose souvent d’anglicismes mais surtout de bons sentiments. Les salariés deviennent des talents, les directeurs des ressources humaines, des chief talent officer [responsable des talents] ou carrément des chief happiness officer [directeurs du bonheur]. Un discours très guimauve. Mais au fait pourquoi tant d’amour ? Qu’est ce qui se cache derrière ces déclarations dithyrambiques ? Bien sûr que les employeurs ont des choses à se faire pardonner : des salaires qui ont longtemps stagné, des conditions de travail qui se sont durcies… En parallèle, l’entreprise traditionnelle a dû faire face à l’arrivée d’une rivale, plus jeune, plus séduisante : la start-up. Puis, celle de concurrents américains qui bichonnent leurs salariés : les Gafa. Du coup, elle a riposté sur le terrain du langage, en mettant à contribution les communicants. Et cela a donné une surenchère lexicale, qui finit par ne plus avoir aucun sens. Comme si ces mots-balises tels que « chief happiness officer » suffisaient pour transformer n'importe quelle PME en licorne, bâtir un projet commun, souder les équipes. C’est tout l’inverse. Affirmer sa différence culturelle pour une entreprise, c’est d’abord avoir son propre vocable, et faire entendre sa petite musique à elle.  

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