«On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va.» (Jacques Prévert) Il en en est de même de la liberté de la presse et de toutes les valeurs qui ont fait la France et fondent notre vivre ensemble. On s’y habitue vite, trop peut-être. Oubliant qu’il ne s’agit pas d’un état de nature mais d’une conquête dont nous sommes les héritiers et les dépositaires. Cela nous oblige.

 

L’attentat contre Charlie hebdo nous a rappelé cela. La prise d’otages dans une épicerie casher de la porte de Vincennes aussi. Leurs auteurs ont plongé la France et le monde dans la sidération et l’effroi. Mais ils ont aussi jeté dans la rue des millions de Français et des centaines de milliers de personnes dans les principales capitales mondiales.

 

C’est un peu tard, diront certains. Au sujet de Charlie hebdo, on songe ainsi au poignant témoignage de Jeannette Bougrab, la compagne de Stéphane Charbonnier, dit Charb, sur plusieurs plateaux de télévision la semaine dernière.

 

On songe aussi aux déclarations dans les médias des dessinateurs Willem («Nous avons beaucoup de nouveaux amis, comme le pape, la reine Elizabeth ou Poutine: ça me fait bien rire») et Luz («On est dans un contre-sens de ce que sont les dessins de Charlie»).

 

Mais non, il n’est jamais trop tard et les symboles sont plus grands que soi. Porté par un puissant mouvement de solidarité, Charlie hebdo, journal satirique que l’on découvre indispensable aujourd’hui, mais qu’une très large part de la multitude du 11 janvier 2015 ne lisait pas, paraît cette semaine. Et, cruel paradoxe, pourrait même trouver une seconde vie.

 

Ils n’ont pas tué Charlie hebdo.

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