Et si «l’ubérisation» n’était pas nécessairement «cool»? Dans l'affaire Uber Pop, les tensions entre les services rendus et les problèmes posés ont éclaté au grand jour, la spectaculaire révolte des taxis faisant la une des médias dans le monde entier. Sidérant? Pas sûr: le niveau de stress économique et social est tel dans nos sociétés que «l'invasion des barbares» ne peut passer comme une lettre à la poste; le bénéfice entrevu par l'avant-garde mobile et connectée n’apparaît clairement à la «multitude»…

 

L'ubérisation en tant que redéfinition des modèles économiques: la pédagogie de ce basculement a commencé à être faite avec une certaine efficacité. Mais dans la jacquerie des taxis – une profession mal aimée –, tout ceci a pris une dimension soudainement quotidienne et concrète, qui «parle» bien plus directement à l'opinion. Où la France découvre que les problèmes liés à la numérisation du monde sont aussi posés aux Etats, sous l'angle du droit du travail et de la fiscalité notamment. Au-delà du modèle économique, il est question de modèle de société: la rente remplacée par la jungle?

 

L'affaire Uber Pop n'a pas rendu service à la «cause» en ceci qu'elle a nourri une confusion entre un service de faux taxis très «Far West» illégal et un autre service, celui des VTC (voitures de transport avec chauffeurs), dont les bénéfices excèdent suffisamment les risques induits à plus ou moins long terme (le Conseil constitutionnel a tout de même dû rappeler les règles du jeu fin mai). Uber a eu tort de laisser s’entretenir la confusion (lire notre enquête). A moins que cela ne relève de la bonne vieille tactique de l'épouvantail… L'ubérisation aurait en tout cas bien besoin d'une campagne de communication!

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