Take it easy
Chaque semaine, dans la nouvelle chronique Take it easy, Alice Zagury, cofondatrice de The Family, analyse pour Stratégies l'univers des start-up. Aujourd'hui, retour sur l'«uberisation» des services. Un trajet sans retour.

Cela fait cinq ans qu'Uber s’est lancé, un an que l'on commence vraiment à en entendre parler et quelques semaines que les grands patrons réalisent que l'uberisation est un phénomène inévitable. Personne ne pouvait voir venir Uber. Comment imaginer qu’une start-up survive aux lobbys des taxis? Elle l'aurait joué finement? Non, elle a usé des mêmes grosses ficelles. Celles qui fonctionnent toujours.

 

1) Uber s'est rangé du côté des utilisateurs. L'offre est simple. Vous scannez votre carte bancaire, vous cliquez, un chauffeur arrive en Mercedes pour moins cher qu'un taxi puisque vous ne payez rien avant d'embarquer. Il vous offre à boire et des friandises, vous demande si la température est bonne, si le volume de la radio vous convient et il vous emmène à destination avec un GPS, donc sans détours. Aucun utilisateur d'Uber ne souhaite revenir aux taxis. Les rares fois où Uber est inaccessible malgré ses 3 000 chauffeurs à Paris, l'homme uberisé qui se retrouve dans un taxi vit très mal son expérience. Le confort ne s'oublie pas, il devient la norme exigée. Ce sont tous les business de service qui doivent s'aligner.

 

2) Uber a arrangé la vie des chauffeurs. Le secret n'est pas tant le service que le gage d'une réponse immédiate à un problème quotidien: se déplacer rapidement. Pour cela, il fallait s'allier avec les VTC. Uber n'est le patron de personne, il laisse libre les chauffeurs de distribuer leurs cartes de visites, il assure du travail à tous ceux qui désirent accroître leur clientèle. «Je gagne en moyenne 4 000 euros net par mois, et je m'organise comme je veux. La formation? Trois mois», me disait un chauffeur avant d'ajouter «J’étais content de tomber sur vous, vous avez une excellente note, 4,8 étoiles sur 5!» La courtoisie n'est pas le fruit du hasard mais de l'application: la double notation du chauffeur par le client et vice-versa permet de préserver un climat plus que cordial. Le contrat social a changé à l'ère numérique, la confiance se calcule – elle devient rationnelle et tangible – grâce à la foule.

 

Alors, cessons d'avoir peur de nous faire uberiser. La polémique qui embarrasse l'Etat face aux taxis, c’est un autre débat. Les lobbys ne tiennent plus face aux innovations. La loi Macron va dans le sens de cette ouverture à l'innovation et au numérique. Et si l'Etat devance les initiatives, c'est que l'on est très en retard.

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