Tech it easy
Chaque semaine, dans la chronique Tech it easy, Alice Zagury analyse pour Stratégies l'univers des start-up. La cofondatrice et directrice générale de The Family a participé la semaine dernière aux Napoléons: elle en est revenue avec le sentiment que les agences de communication ne sont pas forcément sur la même ligne que les start-up du numérique.

J’ai récemment été invitée à un séminaire [Les Napoléons], parrainé par le ministère de la Culture et de la Communication dont le but était de promouvoir les échanges entre le numérique et des agences de communication. Dans les plus grands hôtels de Val d’Isère, entre spa et repas gastronomiques, me voilà donc avec quelques autres (Uber, Salesforce ou Shazam), choyée parmi tous les grands patrons d’agences. Je sors de la piscine pour rejoindre la conférence tandis que les participants débarquent fraîchement des pistes.

 

Ce luxe est comme un rappel à l’ordre, je ne suis pas là pour ma pomme. Le temps est compté et l’enjeu est grand. Les agences sont les intermédiaires très écoutés; si elles intègrent le nouveau paradigme numérique, les dominos s’aligneront. À l’issue des conférences, je comprends ce qui nous divise. Quelques phrases reviennent et pointent ce qu’on doit dépasser pour entrer ensemble dans le monde de demain. 

 

«Le numérique est dangereux». Le numérique n’est pas une fin en soi. Ce n’est qu’un moyen pour innover et innover n’implique pas nécessairement le progrès. L’esprit critique qui juge si le numérique est bon ou mauvais n’a pas sa place ici. Il faudrait commencer par entrer dans le numérique pour créer nos modèles et les défendre. Il y aura autant de modèles qu’il n’y a de start-up gagnantes.

 

«Les Etats-Unis dominent le monde avec le numérique, le gouvernement français doit agir». Ce ne sont pas «les Etat-Unis» qui ont gagné la guerre économique, ce sont Apple, Amazon, Google et Facebook. Ils ont en commun d’avoir eu un contexte légal et culturel propice mais ne défendent pas une cause nationale commune. La domination économique des Etat-Unis est une conséquence, non une cause. Le gouvernement est responsable du cadre de l’innovation et surtout pas de son impulsion.

 

«Le numérique crée un monde de free-lances précaires». Cessons de nous positionner en observateurs érudits. On ne peut juger de l’impact social de ces acteurs sans les comparer aux autres alternatives possibles. Ils en sont là parce que le service qu’ils rendent l’a emporté sur les effets destructeurs qu’ils imposent. Si nous ne sommes pas d’accord, jouons sur ce même terrain et trouvons des alternatives innovantes.

 

«La machine va remplacer l’homme». Oui, d’Aristote aux transhumanistes, on le dit, et pourtant l’homme a toujours su réinventer la notion de l’emploi de son temps. 80% des emplois actuels n’existaient pas au siècle dernier.

 

«Il faut protéger notre économie». En période de transition, à nous d’accélérer les bienfaits, non les réflexes protectionnistes court-termistes. Notre rôle - entrepreneurs et dirigeants - est de vaincre ces peurs et d’innover.

 

«La French touch est inégalable, sans compter que nous sommes n°1 en robotique». Oui, la France a des atouts et on pourrait épiloguer dessus longtemps. Mais dans ce nouveau paradigme, les idées comptent moins que les actions, les prédictions sont inutiles et le temps s’accélère tandis qu’il n’y a plus de place pour les seconds.

 

«On verra bien comment ça va se passer». L’innovation part toujours d’un individu isolé, qui s’appuie sur une infrastructure favorable. Si on ne sait pas encore qui sont ces individus, nous sommes tous acteurs du contexte propice: confiance, ouverture, ambition, optimisme.

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