CES 2017
Cette année encore, le Consumer Electronic Show a été le royaume de tous les paradoxes: géants contre minuscules, présents contre absents, vrais contre faux-semblants…, mais les batailles du futur sont en cours.

Le smartphone ne semble plus concerner grand monde, à part Huawei et quelques fabricants chinois en quête de gain de parts de marché. Même Samsung se repositionne au cœur de «l’internet des objets», en particulier par ceux de la maison, comme le réfrigérateur – éternel fantasme du prochain hub à tout faire – ou le lave-vaisselle.

Ecosystèmes lointains

Oui, le CES (Consumer Electronic Show) est le nouveau Mondial de l’automobile avec la voiture qui devient bien une plateforme logicielle, concernant autant les présents – les constructeurs automobiles, à l’exception des Français – que les absents – Google, Apple ou Uber. Les drones doivent se construire un destin et des autorisations réglementaires pour virevolter au-delà de nos oreilles dans les espaces du CES. La réalité virtuelle doit se construire un écosystème crédible – modèle économique, standards technologiques, contenus renversants – avant de séduire des consommateurs parce que le casque de réalité virtuelle n’a guère brillé sous les sapins de Noël.

Alors, aujourd’hui, quelle tendance émerge? La grande tendance de 2017 est celle des nouveaux points de contact, comme Echo et Home Kit. Ils s’appuient sur un écosystème de services capable d’être activé par la reconnaissance vocale, de comprendre et d’anticiper ce que nous sommes et ce que nous faisons grâce à des logiques apprenantes et automatisées pour simplifier et embellir nos actions quotidiennes.

Nous sommes encore très éloignés de ces écosystèmes, sans friction et très intégrés, reposant sur l’intelligence artificielle. Cela étant, la kyrielle d’objets connectés vus au CES devront s’intégrer dans ces ensembles, car leur dispersion n’est pas porteuse de valeur ajoutée pour la simplicité de la vie du consommateur. Et puis, allons-nous devoir réellement changer chaque année notre brosse à dents, brosse à cheveux thermomètre, parapluie, bouilloire, caleçon et chaussures de sport connectés à chaque nouvelle version?

Amazon, «vainqueur» par défaut du CES 

Amazon était dans les propos de tout un chacun au CES avec sa plateforme Alexa et sa technologie de reconnaissance vocale Echo: parangon du modèle précédemment présenté et une intégration avec plus de 5 000 services à date. Paradoxalement, Amazon faisait bande à part lors de l'événement en trônant à l’écart, au centre Aria, loin de la fureur du Convention & World Trade Center, mais tout le monde parlait d’Amazon Echo.

Il n’y a pas de doute qu’Amazon est l’une des entreprises du «royaume» CES les plus disruptives du moment, en ayant complètement bouclé son omnicanalité par une logique d’expérience globale sans friction avec Amazon Echo et Amazon Go.
Il se peut qu’Amazon devienne très rapidement la capitalisation boursière la plus importante au monde. Néanmoins, ce serait danser bien rapidement sur les corps de Google Home et d'Apple Siri. Ce dernier s’appuie, en particulier, sur un écosystème incroyable d’objets – Mac, Iphone, Ipod, Ipad, Car Play, Apple Watch, Apple TV, Air Pods… – et son milliard de consommateurs ayant activé un produit Apple. Les batailles ne déterminent pas une guerre qui s’annonce très longue, mais Amazon reste par défaut le vainqueur du CES 2017. 

Et la French Tech dans tout ça?  

Il y avait une présence quantitative impressionnante de Français lors de cette édition 2017, avec 36% des start-up globales présentes. Une présence hyperstructurée grâce au label French Tech et à la dénomination Business France: cela sert parfois, un Etat colbertiste! Ainsi, la présence française était la 3e plus importante au CES, derrière les Etats-Unis, qui jouaient à domicile, et la «Shenzhenite» aiguë de la Chine. On entendait la langue de Molière partout dans l’espace Eureka.
Mais au-delà de la présence quantitative, c’est la qualité qui éclaboussait la délégation française. Il suffisait d’observer de nombreux stands français ou bien de se plonger dans la documentation pour comprendre rapidement la proposition de valeur des projets. Le modèle français prépare très bien à la fabrication de cette nouvelle génération d’entrepreneurs qui doivent maîtriser ingénierie, design et marketing pour créer la prochaine vague de Samsung ou de LG.
Cependant, comment les Netatmo, Withings, Parrot et les centaines de jeunes pousses effrontées qui s’engouffrent dans les failles de l’innovation sauront-elles graviter, s’intégrer dans ces écosystèmes en construction dominés par les géants américains? Réponse dans les prochaines saisons du CES.
 
 

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