Tribune
Comme tous les départements de l’entreprise, le département RH évolue au rythme des nouvelles technologies et autres bouleversements : big data, transformation digitale et désormais aussi blockchain.

Technologie disruptive pour certains et révolution technologique pour d’autres : la blockchain affole la toile depuis une dizaine d’années. En instaurant un climat de confiance, car tous les échanges sont visibles et listés sur un registre, la blockchain a d’abord conquis le secteur bancaire, car transparente et infalsifiable. Aujourd’hui, ces qualités intéressent et interpellent d’autres industries, qui souhaitent ainsi optimiser certains processus.

Ce sont notamment les ressources humaines qui voient déferler cette vague d'innovation dans leur champ d’action. Suscitant de nombreuses attentes et beaucoup d’enthousiasme, la blockchain n’en demeure pas moins énigmatique. Il est donc important de réfléchir à la manière dont on peut la mettre au service des ressources humaines.

Pour dénicher la perle rare

Aujourd’hui, les entreprises font face à une concurrence accrue, aussi bien d’acteurs traditionnels que de start-up qui disruptent leur marché. Facebook, Amazon, Google, Uber ou encore Blablacar, pour ne citer qu’elles, ont rebattu les cartes d’industries que l’on pensait inébranlables. Afin de rester compétitives, ces start-up, ainsi que leurs concurrents, se livrent donc à une guerre sans merci pour attirer les meilleurs profils. Pour dénicher la perle rare, parmi des centaines de postulants, les gestionnaires RH doivent donc être réactifs en vérifiant rapidement l’authenticité du profil rêvé. Afin de gagner du temps, et en savoir plus sur celui ou celle qui sera amené à rejoindre l’entreprise, l’utilisation de la blockchain fait sens.

Fini les nombreux CV et lettres de motivation à éplucher, place à la blockchain pour aider le recruteur à accéder à des informations sur le futur candidat : authentification des diplômes, anciennes expériences, promotions ou encore les raisons qui l’ont poussé à quitter un poste. Elle permet ainsi de s’acquitter de tâches chronophages et coûteuses, d’accélérer les processus et de supprimer les intermédiaires.

Des universités commencent d’ailleurs à proposer des diplômes numériques grâce à la blockchain. C’est le cas de l’université Central New Mexico Community College, qui délivrera les premiers diplômes de ce type en décembre prochain. Les étudiants pourront ainsi les partager, de manière sécurisée et à vie, avec leurs futurs employeurs ou écoles. De plus, grâce à cette technologie, les données collectées pourront être stockées et réutilisées dans un futur proche. Enfin, avec la blockchain, les processus de vérification fastidieux, qui nécessitent plusieurs jours de travail, peuvent être réduits à quelques heures voire quelques minutes. Une véritable aubaine.

Prudence avec le RGPD

Seulement, si l’arrivée de la blockchain dans les services RH est un scénario réaliste, il faudra encore quelques années avant que les entreprises puissent l’exploiter en toute efficacité. Cela est d’autant plus vrai que les nouvelles réglementations, telles que le RGPD, appellent à la prudence dans la collecte et l’exploitation des données personnelles des candidats.

La blockchain reste encore un concept abstrait, surtout pour les gestionnaires RH. Pour l’heure, il n’existe aucune interface standard pour personnaliser l’expérience utilisateur. De même, très peu d’entreprises offrent une plateforme de vérification des carrières et des CV. Aujourd’hui, les entreprises adoptent et utilisent encore des processus qui demandent aux postulants d’enregistrer eux-mêmes les données qu’ils jugent nécessaires et utiles, gardant ainsi le contrôle sur leurs informations.

A cela s'ajoute la question des salariés et candidats qui n’ont pas de profils sur LinkedIn ou sur les autres plateformes de mise en relation professionnelle. Entre choix de confidentialité et refus d’assimiler ces outils nouvelle génération, la décision de stocker ses données personnelles dans une solution blockchain n’est pas simple pour eux. Certains profils sortent ainsi des processus de recrutements numériques et donc des radars des recruteurs. Se pose donc la question de savoir comment concilier processus d’embauche traditionnels et innovants afin de ne pas se priver d’un vivier de talents qualifiés.

Le frein du coût

Selon une étude réalisée avec IDC, les employeurs priorisent les compétences plutôt que les qualifications lors des recrutements. Y intégrer la blockchain peut interpeler, notamment pour la vérification de l’authenticité des qualifications académiques des candidats. À terme, seuls les grands groupes se basant encore sur des critères traditionnels comme le diplôme y verront donc un intérêt. De quoi tuer l’oiseau dans l’œuf ?

Enfin, si elle reste répandue dans des secteurs comme la banque, l’utilisation de la blockchain est encore peu connue dans d’autres domaines. Certaines entreprises hésiteront donc à la mettre en place car trop récente. En outre, qui dit innovation dit coût, et cet aspect peut fortement freiner son implémentation, notamment au sein des petites entreprises. En effet, ces dernières considéreront, peut-être à tort, qu’elles n’en ont pas le budget et donc que la blockchain n’est pas adaptée à leurs besoins.

Si la blockchain porte en elle le pouvoir de révolutionner les processus RH, le chemin vers l’acceptation de cette technologie comme un outil de gestion efficace est encore long pour les salariés et les entreprises. Pour que la blockchain puisse pleinement profiter aux services RH, les entreprises doivent d’abord appréhender les rouages de cette nouvelle technologie. C’est une étape essentielle à franchir, pour capter les bienfaits de cette innovation dans la gestion des ressources humaines.

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