Tribune
D’ici 2021, le marché secondaire du luxe pourrait atteindre 31 milliards d'euros. Face au risque de contrefaçon, les nouvelles technologies, au travers de la blockchain notamment, apportent des réponses pertinentes.

Il y a encore quelques années, les femmes possédaient un seul sac Chanel ou Vuitton, et le conservaient toute leur vie. Désormais, elles veulent avoir le choix et pouvoir en changer à l’envie. Si posséder l’objet reste un préalable, la durée de possession s’est ainsi considérablement réduite, notamment en Europe. Mais renouveler sa garde-robe a un prix, que tout le monde ne peut pas se permettre. Avec l’essor de la vente en ligne et des sites de seconde main, nombreux sont donc les consommateurs qui choisissent de revendre leurs produits de luxe pour en acquérir de nouveaux.

Cela pose le problème de la traçabilité de ces objets. Même s’ils sont d’occasion, leur authenticité doit en effet pouvoir être prouvée. Jusqu’à présent, le marché de la seconde main était peu organisé, mais les choses évoluent. De nombreuses plateformes se positionnent désormais sur le créneau du luxe pour certifier les produits revendus par ce biais.

Face à ce nouveau marché, les marques s’interrogent : doivent-elles participer à son organisation ? Garder un œil dessus pour mieux maîtriser le client final ? Ou rester concentrée sur le neuf ? Certains acteurs comme le Groupe Richemont, qui détient des maisons comme Baume, Vacheron Constantin ou encore Cartier, a récemment tranché en rachetant Watchfinder, une plateforme anglaise spécialisée dans la montre de luxe d’occasion. De nombreuses maisons ont compris qu’en ne s’intéressant pas à ce marché secondaire, elles faisaient de leur futur client des proies potentielles pour les faussaires, avec, au bout, une expérience douloureuse pouvant générer une déception qui rejaillira sur elles. Surtout, en achetant un produit de luxe qui serait un faux, le consommateur peut être considéré comme un receleur s’il décide de le revendre quelques années plus tard. Actuellement, cela concerne près d’un quart des échanges sur le marché secondaire en Europe.

Le recours à la blockchain

Être capable d’identifier le vrai du faux nécessite de passer par un expert, ce qui coûte de l’argent et prend du temps. Surtout, un objet de luxe ne peut être reconnu comme véritable que par la marque elle-même, ce qui complexifie encore un peu plus les choses. Enfin, cette certification repose généralement sur une simple authentification papier, qui peut donc être facilement copiée et falsifiée. C’est là qu’interviennent les nouvelles technologies en révolutionnant cette démarche et en permettant de transformer cette ressource papier en un document numérique.

La blockchain, notamment, va donner la possibilité d’enregistrer un certificat d’authentification digital et de le rendre infalsifiable et impossible à pirater. Ainsi numérisé et protégé, il garantit l’authenticité du produit de sa sortie d’usine jusqu’au point de vente, mais aussi tout au long de sa vie, même s’il change plusieurs fois de propriétaires. Sur le marché du neuf comme du secondaire, on peut désormais authentifier, en un clic, le produit en tapant simplement dans la blockchain son numéro unique. Tout nouveau propriétaire d’un sac ou d’une montre obtient alors l’intégralité de son historique : où il a été produit, avec quels matériaux, la boutique ou le site sur lequel il a été vendu, s'il y a eu des révisions ou entretiens sur celui-ci... L’idéal est bien sûr que la marque soit à l’initiative de cette démarche. Toutefois, on peut envisager qu’un distributeur agréé puisse aussi l’impulser.

Certifier ses produits dans la blockchain apporte une vraie sécurité de manière durable, immuable et transparente pour un coût très raisonnable. Cela permet de remettre de la confiance dans l’objet, notamment sur le marché de l’occasion. Il est fort probable que les marques adoptent rapidement cette technologie révolutionnaire. Demain, il y aura ainsi les produits certifiés dans la blockchain, qui seront les «vrais» produits de luxe et les autres, qui seront donc nécessairement des faux.

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