«Nombreux pensent encore aujourd'hui qu'il vaut mieux être pianiste dans un bordel que travailler dans la com», déplorait Gilles Deléris, cofondateur de l'agence W, dans Stratégies le 6 mars, en marge de «l'affaire Bygmalion». Son acolyte Denis Gancel, l'autre fondateur de la filiale d'Havas, lui répond… Quand une «private joke» devient une défense-illustration du métier de la communication.

Bravo, mon cher Gilles, pour cette défense du métier. Permets-moi de relever le gant d'une autre profession que tu cites et qui n'est pas si facile que Jacques Séguéla et toi le croyez.
Alphonse Lagoutte, pianiste de bordel célèbre des années 1920, a décrit les conditions terribles dans lesquelles il exerçait sont art. Ragtime à la chaîne, boogie-woogie furieux, fox-trot endiablé, clients insatiables! Pianos droits miteux, touches crasseuses, marteaux ramolos, pédales coincées! Ambiances irrespirables, ventilo en panne, salles enfumées! Zéro facturation, surfacturation impossible, travail dans le noir et travail au noir de rigueur. Aucune protection, sinon celle exigée à l'étage!

Aujourd'hui, Gilles, la profession va mal. Très mal. Pour une raison simple, c'est qu'il n'y a plus de bordels! En tout cas de bordels officiels (et les officieux détestent le tapage nocturne). Les pianistes de bordel connaissent un des taux de chômage les plus élevé de France. Beaucoup d'entre eux se sont orientés vers le piano-bar. Pas beaucoup plus simple… C'est dur de passer des heures à tenter de placer, tout doucement, une note entre les cliquetis de fourchettes, le bruit de la tireuse à bière et le grincement de cette satanée porte-saloon des toilettes des hommes!

Alors, moi, j'ai plutôt choisi la communication. Comme toi. Au moins là, on y respire, on y joue, on y rigole, on y entreprend, on s'y entend, on y travaille, on y gagne notre vie, on y facture et… on y prend son pied!

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