Tribune
Deux ans après la défaite, la marque Sarkozy s'est-elle définitivement brouillée? En amortissant le choc de l'échec politique de 2012, elle avait su conserver la base active de ses codes génétiques. Même si demeure, encore aujourd'hui, une indéniable audience au carrefour du médiatique et du populaire, qui peut réellement prétendre décrire son ADN? La tribune de Jean-Christophe Gallien, CEO de JCGA.

Celui qui souhaitait se réincarner en Guide semble juste vouloir redevenir chef! Le défenseur naturel des Français s'est mué en un bagarreur qui règle ses propres comptes. Le mythe n'est plus vraiment vivant.

 

Au lendemain de la chute électorale et durant l'année 2012, la marque Sarkozy demeurait encore unique sur le marché politique, tout à la fois leader et accessible, crédible et mystérieuse, populaire et «people». Elle s'est peu à peu éloignée, elle est devenue incertaine et s'est banalisée. Si avant on l'aimait ou on la détestait, on a désormais tendance à s'en désintéresser. Pire, la marque Sarkozy séduisait ou inquiétait. Elle peine aujourd'hui à faire rêver ses propres fans et elle ne fait plus vraiment peur à ses adversaires. Même ses ex-ministres semble vouloir la cacher voire l'enterrer.

 

La marque Sarkozy a oublié que la narration politique comme celle des autres marchés est celle d'une série. Elle exige histoire, scénarisation, mise en scène, action et surtout renouvellement dans l'adaptation, la créativité et l'innovation. Depuis des mois, en fait des années, s'entrechoquent trop de séquences sans contrôle. On entend trop de bruits produits par trop de proches qui oscillent entre arrogance et lévitation, et avancent en ordre dispersé. La marque Sarkozy réagit, il n'y a plus d'écriture, elle n'invente plus et le tempo du marché politique n'est plus le sien.

 

Celle que nous avions, dans Stratégies, décrite comme «une machine de guerre fictionnelle», celle des saisons 2007 et 2008, celle qui écrasait tout sur son passage, s'est assoupie puis effondrée durant la seconde moitié du mandat présidentiel. Depuis la défaite de 2012, elle semble avoir même disparue. Plus vraiment d'intrigue, à peine des alternances presqu'aléatoires de postures entre recours, rempart ou victime, au gré des mouvements de l'agenda politique. Et un personnage de moins en moins relié aux réels des Français. La magie a disparu, et fans ou adversaires, nous nous sommes tous de plus en plus éloignés.

 

Pourtant, la marque Sarkozy reste un élément constitutif et dominant du marché et de l'offre politique de notre pays. Elle fut, en son temps, installée dans un effort marketing sans précédent. La marque Sarkozy demeure à «rebrander». Mais n'est-il pas trop tard?

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