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Médecins en ligne
30/03/2001Généraliste, auteur du livre intitulé Comment choisir son médecin, Jean Doubovetzky est aussi traducteur et rédacteur scientifique. Ex-rédacteur en chef du site e-sante.net, il collabore à l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (Anaes). Selon lui, il faut se méfier de la compétence des médecins en ligne plus que de la collecte des données.
Il y a des sites médicaux qui ressemblent à des magazines. La forme est différente, mais, sur le fond, rien ne l'est vraiment. Sur d'autres, les gens peuvent poser des questions et recevoir des réponses personnalisées. Là, on peut distinguer plusieurs cas. Qui répond? Le plus souvent, on ne peut être sûr de rien. S'agit-il d'un médecin? D'un spécialiste? En exercice ou non? Ou est-ce un journaliste? Ou même une secrétaire ou le Webmaster? Il n'y a pas de garantie, de label - du moins jusqu'à présent (...). Parfois, certains sites s'engagent à donner des réponses élaborées par des médecins et publient les contrats qui les lient à ces derniers. Le Conseil de l'Ordre, je crois, réfléchit en ce moment à l'attribution de labels aux sites qui appliqueraient certaines règles précises. Pour en revenir aux différents aspects d'une réponse donnée en ligne, il faut distinguer entre une réponse d'ordre général et un semblant de consultation (...) où le médecin n'a pas la personne en face de lui pour, d'une part, lui poser des questions et obtenir des réponses, voir si l'expression de son visage change, vérifier si ce qu'il dit correspond à ce qu'elle ressent réellement et, d'autre part, l'examiner physiquement. Le contact visuel compte énormément, tout comme le dialogue... (...) Les avantages? Quelques exemples: la possibilité de parler à plusieurs médecins sans entraîner de dépenses de santé ahurissantes, d'avoir un deuxième avis, de pouvoir poser de façon anonyme des questions personnelles et intimes, car si l'on ne sait pas qui répond, on ne sait pas non plus qui interroge... (...) Les dangers? Le premier est celui de l'incompétence. Soit parce qu'il ne s'agit pas d'un médecin, soit parce que ce médecin a trouvé plus facile de consulter à distance que sur le terrain. On ne devrait pas laisser des médecins exercer à temps plein sur Internet pendant plusieurs années, sous peine de les voir perdre le contact avec le réel et de sortir de la médecine (...). Les réponses risquent de ne plus être fondées sur les données actuelles de la science, mais devenir des réponses personnelles, des opinions. (...) La déontologie médicale doit certes être adaptée dans les formes mais pas dans le fond. Il y a sûrement, d'un côté une obligation de régulation et de surveillance pour éviter qu'il ne se passe n'importe quoi et, de l'autre, la difficulté de gérer un réseau international. (...) Je ne crois pas que la santé en ligne mette la vie privée en danger. En tout cas pas plus que le fait d'envoyer un dossier médical par la poste. Qui empêche quelqu'un de fracturer une boîte aux lettres? (...). Aucun système de protection n'est parfait!» En collaboration avec Powow.net.