Réalité virtuelle, hologrammes, intelligence artificielle... ces technologies sont en train de redéfinir les codes de la narration, comme ont pu le montrer les forces en présence au Festival international des programmes audiovisuels (Fipa) de Biarritz.

Des films qui s'adaptent aux émotions ou aux choix du téléspectateurs, des histoires dont vous êtes le héros sur grand écran, des hologrammes qu'on peut toucher... Voilà quelques-unes des découvertes présentées au Smart Fipa, laboratoire d'innovations audiovisuelles.


Film interactif


Il a ouvert le festival audiovisuel: Tantale, né au Smart Fipa il y a cinq ans sous le nom 2027, est revenu par la grande porte pour l'une de ses toutes premières projections publiques. Ce film suit le président français dans sa tentative de remporter l'organisation de Jeux olympiques à Paris. À des moments clés du récit, il hésite et deux choix sont soumis au vote des spectateurs, la majorité décidant de la suite. «Ce qui est amusant c'est que la majorité ne suit pas les choix immoraux alors que c'est une fiction!», raconte Christopher Canalis, responsable du Smart Fipa, ajoutant qu'environ 600 personnes avaient voté mardi soir à la projection. Selon lui, le public a bien accueilli cette nouvelle expérience, réalisée par Gilles Porte et coproduite notamment par Radio France et le département Nouvelles Écritures de France Télévisions.


Réalité virtuelle et augmentée


«La première fois qu'on a parlé de réalité virtuelle ici, il y avait très peu de monde dans la salle, aujourd'hui, il y a énormément d'engouement», explique Christopher Canalis. Avec plusieurs casques de réalité virtuelle désormais disponibles, l'offre de programmes a suivi: animations, documentaires et fictions, les vidéos filmées à 360 degrés se multiplient, avec leur mode de narration particulier et très immersif. Au Smart Fipa, la chaîne Sy Fi a présenté Halcyon, série policière d'anticipation de quinze épisodes dont cinq en réalité virtuelle. «On ne voulait pas aliéner la partie du public qui n'a pas encore de casques, donc nous avons mêlé les deux», indique un responsable du projet, estimant que «le résultat est à mi-chemin entre le film interactif et le jeu vidéo».

 

Pionnier parmi les médias dans ce mode de narration, le New York Times propose une vingtaine de reportages en réalité virtuelle. «Le journal s'est demandé à quoi ressemblerait un monde sans écran et comment continuer à informer dans ce monde-là», explique Jenna Pirog, productrice de films en réalité virtuelle au New York Times. Pour elle, c'est «le média le plus abouti pour emmener quelqu'un dans une histoire. C'est vous, avec votre instinct, qui devez réunir le plus d'infos possible». Le journal, qui présentait The fight for Fallujah au Smart Fipa, expérimente aussi la fiction en réalité augmentée (LA Noir) mais ce mode de narration «rend difficile de mettre en contexte et de donner de la profondeur aux personnages». Encore peu développée en fiction, la réalité augmentée superpose personnages ou objets en hologrammes à la réalité, permettant aux utilisateurs d'être moins coupés du monde.


Hologrammes


À Tokyo, le laboratoire de Yasutoshi Makino cherche à rendre la réalité virtuelle plus tangible avec HaptoClone, un dispositif qui permet de toucher un hologramme: encore à un stade très expérimental, la recherche ne permet pour l'instant qu'une interaction limitée avec l'objet, mais il est tout de même possible de faire tomber une balle virtuelle ou serrer une main virtuelle.


Intelligence artificielle et Homme augmenté


«Avec l'intelligence artificielle, on peut désormais créer des personnages qui vont converser avec le téléspectateur. Il existe une technologie qui permet de repérer les émotions sur le visage, la narration pourra donc s'adapter en fonction des émotions», résume Christopher Canalis. Ces technologies utilisées dans d'autres domaines (industrie, médecine) pourraient demain servir en fiction pour personnaliser la narration. «Si on imagine très loin, plus besoin de lunettes et d'écran: on aura une puce implantée dans le cerveau qui permettra de projeter un film directement dans la tête du spectateur», imagine Christopher Canalis.

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