Design
À la tête du Peugeot Design Lab, l’Irlandais dessine tout sauf des voitures. Ses sources d’inspiration sont insaisissables, mais quand le designer s’ouvre, il se montre intarissable.

« Le stylo Bic. C’est un objet essentiel. Il contient juste le nécessaire. Il n’est pas parfait car rien n’est parfait, mais c’est presque le produit le plus optimisé au monde. Il a été créé en 1950 et n’a pas évolué depuis car il n’y a pas besoin de l’améliorer. Il y a eu des millions de modèles mais ils n’ont jamais marché. Ce modèle transparent - bien pratique pour voir le niveau d’encre, même si on le perd toujours avant que tout ne soit utilisé – a plus de 65 ans et on ne peut pas faire mieux. C’est le challenge ultime en design. Il est devenu iconique sans avoir été stylisé. Le piège serait de le typer. Il serait alors dépendant de son époque et deviendrait vite daté. Le Bic ne changera pas.


L’évolution. La vraie force est dans l’évolution, pas dans la révolution. Les gens sont sans cesse en attente de rupture. Ils sont impatients. Nous sommes en constante évolution. Si la révolution permet de sortir du lot, c’est juste à un instant T. L’évolution elle, dure longtemps. Et à la fin, elle permet aussi de sortir du lot. Jeter ce qu’on a fait paraît séduisant mais cela ne donne jamais la meilleure qualité. Les Allemands ont une culture de l’évolution, contrairement aux Latins. Si l’on compare la première et la dernière Golf de Volkswagen, elles n’ont rien à voir. Mais si l'on juxtapose toutes les générations, on voit à quel point le modèle a évolué progressivement.


L’iPhone. C’est une grosse révolution. Il y a ce qui ne change jamais, car c’est parfait depuis le début, et immuable. Il y a ce qui change au fil des évolutions. Et il y a, comme l’iPhone, ce qui marque une rupture importante, puis évolue ensuite pendant dix ans. Ce sont des produits qui s’imposent. Comme l’a fait Steve Jobs, il faut parfois imposer sa vision aux gens. On demande trop souvent aux gens ce qu’ils aimeraient. Mais quand on le fait, on se rend compte que 99 % d'entre eux... ne savent pas. Ils décrivent alors une version juste améliorée de ce qu’ils ont déjà.


Le vélo pliant. On a fait la même chose pendant cent ans. Quand le vélo pliant a été inventé et produit en masse, c’était pour les soldats de la Première Guerre mondiale. Depuis, le vélo pliant a évolué, mais jamais assez pour devenir satisfaisant. Il faut alors imposer une rupture. Pas pour créer un besoin, mais pour résoudre un problème. Quitte à changer les fournisseurs, les process, refaire les usines ou retourner à l’école ! On s’en fout ! Parfois la solution est incroyablement technologique, mais le résultat final doit toujours être simple et élégant pour l’utilisateur. »

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