Habillage sonore
Lancé le 5 avril, le nouvel habillage sonore de la Philharmonie de Paris rend hommage à l’identité et à l’architecture du lieu. Réalisée par Sixième Son, la conception a nécessité des remises en cause et un an de travail, avec parfois des moyens surprenants.

[Cet article est issu du n°1945 du 5 avril 2018]

 

 

En 1971, Pierre Perret chante Ouvrez la cage aux oiseaux, qui deviendra un classique de la chanson française. Presque un demi-siècle plus tard, Sixième Son, agence créée en 1995 et spécialisée dans l’identité sonore et le design musical, s’associe à la Philharmonie de Paris pour la réalisation de son habillage sonore. Un projet né de la volonté de l’institution de s’ouvrir à d’autres publics. Selon Hugues de Saint Simon, secrétaire général de la Philharmonie : « Peu de lieux culturels ont leur propre identité sonore. Dans notre idée de valoriser toutes les facettes de la musique, aussi bien passées que présentes, nous avions besoin de cette identité pour ouvrir tous les répertoires musicaux au public le plus large possible. »

C’est sur cette base que l’agence commence son travail de création. « Il était très difficile d‘être à la fois exigeant, pour ne pas brusquer les habitués, mais aussi populaire, tout en étant français et international. Nous avons donc dû prendre certains partis », explique Laurent Cochini, directeur général de Sixième Son.

Grammaire sonore

Inaugurée en janvier 2015 dans le Parc de la Villette (Paris XIXe), la Philharmonie de Paris propose aussi bien des concerts, en majorité de musique classique, que des expositions ou encore un pôle éducatif. Afin de coller à cette réalité, les premières pistes explorées sont celles d’une identité musicale. Pour Laurent Cochini : « En cours de route, nous nous sommes aperçus que nous devions tendre vers un geste sonore et non pas musical. Il fallait axer sur une grammaire plus que sur une mélodie pour ne pas être clivant. De plus, il est facile de rendre un geste sonore unique, ce qui n’est pas le cas d’une musique. »

Naît alors l’idée de débuter ce design sonore par l’accord des instruments. « C’est la première rencontre avec le public, un moment magique, entre chaos et volupté, qui représente parfaitement la musique vivante que nous revendiquons », rappelle Hugues de Saint Simon. Ajoutant une percussion afin de capter l’attention, la séquence se poursuit avec des applaudissements qui se transforment en un envol d’oiseaux. Une « triple référence à la Philharmonie, d’une part avec l'allusion au public, d’autre part avec la présence historique d’oiseaux dans la musique, mais aussi avec la référence à notre architecture » décrit son secrétaire général. De fait, le bâtiment pensé par l’architecte Jean Nouvel est orné de 380 000 volatiles.

Traque au pigeon

  « Il nous fallait de vrais bruits d’oiseaux afin de rendre l’identité de Philharmonie unique », annonce le directeur général de l’agence. C’est pourquoi l’équipe de Sixième Son (Marion Combes, Julien Goris et Pauline de Bastard) s'est mise en chasse, armée de son matériel, d’un lieu parisien propice à l’enregistrement. Finalement, le parc de la Pitié-Salpêtrière est retenu car étant situé assez loin de la route pour ne pas être parasité par le bruit des voitures.

« Nous sommes très heureux de l’aboutissement de ce projet qui s’inclut parfaitement dans la stratégie de communication que nous développons avec BETC », se réjouit Hugues de Saint Simon. Le nouvel habillage sonore, dont la conception aura pris un an, est lancé le 5 avril. À défaut de regarder s’envoler les oiseaux, vous pourrez toujours les écouter...

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